EDF (-0,99% à 10,045 euros) se replie après l'annonce d'un énième retard du chantier du réacteur nucléaire EPR de troisième génération à Flamanville (Manche). Préalable à tout essai de fonctionnement, la date de chargement du combustible dans la cuve du futur réacteur est « décalée de fin 2022 au second trimestre 2023 », a indiqué l'électricien public. Retard signifie surcoût que le groupe évalue à 300 millions d'euros. L'EPR (European Pressurized Reactor, soit réacteur pressurisé européen) coutera donc à date 12,7 milliards, contre 3 milliards prévus au début du projet, en 2007.

Projet qui s'achèvera donc, toujours à date, en l'an prochain et non... en 2012, comme prévu initialement.

EDF a justifié cette nouvelle déconvenue par un contexte industriel rendu plus difficile par la pandémie. Plus de 55 000 contrôles documentaires et vérifications sur les installations, concernant plus de 7 000 équipements " importants pour la sûreté ", ont été effectués, a expliqué la société.

La résistance du titre en Bourse témoigne du pragmatisme des investisseurs face au chemin de croix d'EDF. Ils redoutaient sans doute l'annonce de surcoûts plus élevés.

En juillet 2020, la Cour des comptes avait estimé le coût total du chantier à plus de 19 milliards d'euros. Les conseillers de la Cour des comptes avait stigmatisé " un échec opérationnel, des dérives de coûts et des délais considérables ".

Le groupe a par ailleurs indiqué que les inspections réalisées sur les assemblages combustible du réacteur n°1 de Taishan, en Chine, suite à l'aléa technique rencontré pendant son deuxième cycle d'exploitation, ont montré un phénomène d'usure mécanique de certains composants d'assemblages, un tel phénomène ayant déjà été rencontré sur plusieurs réacteurs du parc nucléaire français. Ce phénomène ne remet pas en cause le modèle EPR, assure EDF.

Les acteurs de la filière nucléaire française attendent désormais l'issue des élections présidentielles. En novembre, Emmanuel Macron a annoncé son intention de " relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays ". Un gage d'" indépendance énergétique de la France ", selon le président de la République, qui n'a pas apporté plus de précisions.