* Confirme une mise en service en 2016, contre 2012 initialement

* 94% du génie civil est achevé, 39% de l'électromécanique

* Installation du dôme de l'EPR l'été prochain

* Les discussions vont commencer avec le chinois CGNPC -Machenaud

par Benjamin Mallet

FLAMANVILLE, Manche, 17 janvier (Reuters) - Le risque de nouveaux surcoûts et retards de l'EPR de Flamanville (Manche) est "infiniment faible", a déclaré jeudi Hervé Machenaud, directeur de la production et de l'ingénierie d'EDF.

L'électricien français détenu à 84% par l'Etat, maître d'ouvrage du chantier et futur exploitant de la centrale, a dû annoncer en décembre que le coût de construction de celle-ci s'était alourdi de deux milliards d'euros, atteignant ainsi 8,5 milliards contre 3,3 milliards prévus en 2005. (voir )

EDF, qui explique notamment ce surcoût par l'évolution du design de la chaudière, de nouvelles exigences réglementaires post-Fukushima et des aléas industriels, a cependant une nouvelle fois confirmé jeudi que la mise en service du réacteur de troisième génération conçu par Areva était prévue pour 2016, contre 2012 à l'origine.

Lors d'une visite du chantier, Hervé Machenaud n'a cependant pas voulu exclure totalement de nouveaux dérapages du calendrier et du budget de Flamanville.

"On est dans l'industrie, pas dans un roman à l'eau de rose", a-t-il dit à des journalistes.

"Si on refaisait le même réacteur au même endroit, on pourrait gagner 18 mois à 2 ans, avec 25% (de coûts en moins)", a également estimé le patron de la production d'EDF.

Antoine Ménager, le chef du chantier de Flamanville, a de son côté indiqué que 94% des travaux de génie civil du chantier étaient d'ores et déjà achevés, même si ceux d'électromécanique ne le sont qu'à 39%.

3.200 PERSONNES TRAVAILLENT SUR LE CHANTIER

Extérieurement, les bâtiments sont ainsi aujourd'hui très proches de leur aspect final. Reste notamment à installer le dôme de l'EPR, de 250 tonnes, pour l'instant posé à côté du bâtiment du réacteur, une opération prévue pour l'été prochain.

Preuve du gigantisme du chantier, près de 3.200 personnes travaillent actuellement sur l'EPR de Flamanville, dont 250 salariés d'EDF chargés de vérifier la qualité des travaux. Une dizaine de grands groupes sont représentés, chacun avec un ou deux niveaux de sous-traitance.

Hervé Machenaud a également assuré que l'annonce du dernier surcoût de Flamanville n'avait pas d'impact sur la recherche de nouveaux partenaires pour des projets nucléaires au Royaume-Uni.

Evoquant la possibilité d'une alliance avec le chinois China Guangdong Nuclear Power Company (CGNPC) sur ce sujet, il a dit :

"On leur a proposé, ils ont dit qu'ils étaient intéressés (...), les discussions vont commencer."

EDF Energy, filiale britannique d'EDF, négocie actuellement avec les autorités britanniques les conditions d'implantation de deux réacteurs EPR au Royaume-Uni. Le groupe envisage d'y construire jusqu'à quatre réacteurs de ce type.

Associé à Centrica pour ces projets, le français a cependant fait savoir l'été dernier qu'il souhaitait attirer de nouveaux partenaires pour investir dans le nucléaire britannique afin de limiter son endettement et de respecter ses objectifs en la matière.

Alors qu'EDF et Areva négocient par ailleurs avec CGNPC un partenariat autour d'un nouveau réacteur nucléaire de taille moyenne, l'inspection générale des finances a lancé une mission de contrôle pour s'assurer que les choix stratégiques de l'Etat étaient respectés dans le cadre des discussions avec la Chine.

Ses conclusions sont attendues d'ici à trois mois, a récemment déclaré à la presse le ministre de l'Economie Pierre Moscovici. (Edité par Dominique Rodriguez)