Lors d'une audition parlementaire, elle a en outre laissé entendre que le consortium français avait eu des difficultés à s'organiser de manière à répondre aux demandes des Emirats arabes unis dans le cadre de l'appel d'offres portant sur des centrales nucléaires, qu'il a perdu fin décembre.

"En ce qui concerne l'augmentation de capital d'Areva (...), les discussions sont maintenant au niveau de l'Etat sur la valorisation du groupe et sur les conditions de l'entrée (des partenaires stratégiques)", a déclaré Anne Lauvergeon.

Une source proche du dossier a de son côté déclaré à Reuters: "Ils ont des difficultés à évaluer le groupe et à se mettre d'accord avec les acheteurs sur un prix. Les actifs sont incroyablement difficiles à évaluer."

Le plan de financement d'Areva, qui doit lui permettre de garantir plus de 9 milliards d'euros d'investissements d'ici 2012, prévoit l'entrée de partenaires dans son capital à hauteur de 15%, par le biais d'une augmentation de capital.

Le Figaro écrivait le 8 janvier que l'Etat, qui détient plus de 90% du capital d'Areva, discutait avec Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et les fonds souverains du Qatar et du Koweït en vue de leur entrée au capital du groupe.

Anne Lauvergeon ne s'est pas exprimée sur l'identité des partenaires potentiels qui pourraient entrer dans Areva, pas plus que sur le calendrier de l'opération.

Evoquant l'appel d'offres pour des réacteurs nucléaires destinés aux Emirats arabes unis, qui a échappé fin décembre à un consortium composé d'EDF, GDF Suez, Total et Areva au profit d'un groupement mené par le sud-coréen Kepco , Anne Lauvergeon a estimé que l'échec des français relevait d'un problème d'organisation.

"DEMANDE TRÈS SPÉCIFIQUE"

"La problématique que nous avons eu, c'est que les émiratis avaient une demande très spécifique qui était d'avoir un seul contracteur dans le sujet", a-t-elle dit.

"Quand j'ai identifié le sujet, très longtemps en avance, je suis allée voir le président d'EDF (Pierre Gadonneix) pour lui demander d'y aller. La première fois, il m'a dit non parce que le projet n'existerait pas et, la deuxième fois, il m'a dit non parce que ce n'était pas un pays stratégique."

Le montage d'origine réservait à GDF Suez et à Total 45% chacun du consortium, tandis 10% revenaient à Areva. "Toute la problématique a été de remettre EDF dans le sujet de façon harmonieuse."

Anne Lauvergeon a en outre souligné que les Emirats arabes unis n'avaient pas compris que la France confie le rôle d'opérateur à EDF pour le deuxième EPR français, tandis que GDF ne prenait qu'une participation dans ce projet.

"Ce n'était pas un problème de taille (du réacteur), l'EPR n'était pas du tout un sujet aux Emirats", a également estimé Anne Lauvergeon.

"VOITURE SANS AIRBAGS"

"La sûreté a toujours un coût. Est-ce que c'est un coût trop important? La question est légitime et on peut se la poser après Abou Dhabi. On a comparé deux (réacteurs) qui n'avaient pas le même niveau de sûreté (...), on a comparé une voiture avec des airbags et une ceinture avec une voiture sans airbag et sans ceinture", a ajouté la présidente d'Areva.

Gérard Mestrallet, P-DG de GDF Suez, a de son côté déclaré lors d'une cérémonie de voeux organisée par le groupe: "Je crois qu'il faut bien réfléchir à ce que souhaitent les clients dans le monde et je pense que tous n'ont pas forcément la même appréciation sur le prix de la sûreté (...). Est-ce que tous les pays sont prêts à payer le prix de cette sûreté ? C'est une question."

Anne Lauvergeon a quant à elle estimé: "Est-ce que l'EPR est trop gros pour un certain nombre de pays? La réponse est oui. Je n'ai aucun état d'âme là-dessus et c'est pour cela qu'on a défini une gamme. Il faut que ça se sache, qu'on sorte de ce mono EPR, cette obsession de l'EPR franco-française."

En dehors de l'EPR, de 1.650 mégawatts, Areva développe notamment l'Atmea avec Mitsubishi Heavy Industries, mais ce réacteur de 1.100 MW ne sera pas commercialisé avant 2011.

Benjamin Mallet, Marie Maitre et Nina Sovich, édité par Dominique Rodriguez