"(Easybourse.com) Quelle est votre analyse du secteur de l'éolien aujourd'hui en France ?
Je pense que le secteur est arrivé à maturité. De nombreux sites ont été installés depuis 7-8 ans, et ils fonctionnent. Aujourd'hui, on voit que de grands industriels s'intéressent à ce secteur et procèdent à des rachats de parcs. C'est le cas notamment d'EDF, via sa filiale Energies Nouvelles, qui a un programme de développement éolien assez conséquent. L'arrivée de ces gros acteurs est une chance pour le secteur car il faut des moyens pour un développement à grande échelle de l'éolien.

Pourtant, les nouveaux projets tardent à sortir de terre?
On a effectivement observé un fléchissement des demandes de raccordement au cours des derniers mois, mais je pense qu'il s'agit d'un ralentissement conjoncturel. Trouver des financements n'est pas aisé dans un contexte de crise. Encore une fois, tous les ingrédients sont aujourd'hui pour un développement de l'éolien : un marché mâture, une impulsion via le Grenelle II et l'arrivée de gros acteurs industriels qui voient dans cette énergie renouvelable une importante source de diversification. Par conséquent, je ne prévois pas d'affaissement du marché mais plutôt un redémarrage des grands projets.

Le cadre fixé par le Grenelle II ne va-t-il pas freiner le développement de l'éolien ?

L'objectif du Grenelle II n'est pas de freiner le développement de l'éolien mais de le rationaliser, en plaidant pour un nombre limité de parcs de grande capacité plutôt que pour un « mitage » du territoire par de petites installations. Cela peut paraître paradoxal, mais ce sont précisément les grands parcs qui prendront le mieux en compte leur environnement immédiat. A partir du moment où les parcs sont plus denses, les études d'impact seront plus poussées et on évitera certaines dérives observées ici ou là. Je ne dis pas qu'on doit aboutir à des parcs de plusieurs centaines d'éoliennes comme en Californie, mais on peut prévoir un regroupement des installations. Je rappelle que l'objectif du Grenelle est de parvenir à 25 000 mégawatts de capacité installée en 2020, or nous en sommes aujourd'hui à environ 5000 MW. On n'atteindra pas cet objectif sans des parcs de grande capacité.

La France vise 6000 MW d'éolien offshore en 2020. Quand les premiers projets vont-ils voir le jour ?
Je pense que quelques belles opérations vont démarrer dans les six mois qui viennent dans l'offshore. La France dispose d'un fort potentiel de vent sur ses façades maritimes, ce serait dommage qu'elle ne l'exploite pas. Comme pour l'éolien à terre, des questions de protection des paysages vont se poser. En outre, l'entretien des turbines s'annonce plus compliqué. D'un point de vue juridique, il faudra trouver le bon équilibre entre les obligations et les risques supportés par les différents acteurs. Mais cela s'annonce passionnant et le marché est prêt à sauter le pas.


Propos recueillis par F.S.

- 27 Mai 2010 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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