PARIS, 6 mai (Reuters) - Réactions d'analystes et de gérants après la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle en France :

Le candidat socialiste a remporté le second tour du scrutin devant le président sortant Nicolas Sarkozy avec près de 52% des suffrages, selon les estimations d'instituts de sondage. (Voir )

* JEAN-EMMANUEL VERNAY, directeur général délégué Invest Securities

"Côté marché, il n'y a pas vraiment de surprises.

"Le score n'est pas si écrasant que ce que l'on pouvait attendre dans les sondages (...) Ce qui va être déterminant, c'est de savoir qui aura la majorité absolue ou relative à l'assemblée nationale.

"Dans tous les cas, ce qu'il faut souhaiter c'est qu'il y ait une véritable majorité absolue à l'Assemblée nationale (...) Si c'est la gauche, il faut qu'elle soit sans concession avec l'extrême gauche (...) et pareil à droite.

"Ce qui va être important aussi, c'est ce qui ressortira des discussions, au niveau européen, entre le futur gouvernement français avec Angela Merkel et surtout avec Mario Draghi, qui s'est positionné comme le gardien du temple il y a quelques jours."

* DAVID THEBAULT, responsable du trading quantitatif, GLOBAL EQUITIES

"Pour les marchés, cela pourrait prendre une semaine ou deux pour digérer les résultats du vote français, mais à moyen terme, il alimente l'espoir d'une nouvelle dynamique pour l'Europe reposant sur des mesures en faveur de la croissance et pas seulement des mesures d'austérité.

"Le vote en France, comme en Grèce, est une réaction contre la posture de l'Allemagne dans la crise de la dette. Les gens disent: 'Assez d'austérité'.

"Cela pourrait constituer un tournant pour la région, qui pourrait changer l'orthodoxie budgétaire allemande, établir un consensus sur la nécessité des euro-obligations et transformer la Banque centrale européenne en une 'Fed européenne' concentrée sur la croissance économique, et pas seulement l'inflation."

* CHRISTIAN JIMENEZ, président, DIAMANT BLEU GESTION

"La victoire de François Hollande a déjà été prise en compte par les marchés, mais pas ses promesses faites durant la campagne, il y a donc un risque baissier s'il maintient ses premières mesures.

"François Hollande ne sera pas en mesure de convaincre Angela Merkel d'adoucir sa position sur la nécessité des mesures d'austérité alors même que la relance de la croissance est nécessaire."

* ARNAUD SCARPACI, Gérant-Associé, AGILIS GESTION

"La victoire de François Hollande a été 'pricé' depuis plusieurs mois maintenant. Honnêtement, cela ne va pas modifier l'état d'esprit en Europe, du moins à court-terme. Les premiers effets ne seront pas sur l'euro ou la dette française , mais plutôt sur la Bourse.

"Les perdants seront les banques d'investissement comme Société générale et les groupes de services aux collectivités évoluant dans le nucléaire comme EDF et Areva (...)"

* ERIC GALIÈGUE, président, VALQUANT

"Le nouveau président n'aura sans doute pas de majorité parlementaire, et il devra alors sans doute composer avec les partis situés aux extrêmes (de l'échiquier politique, NDLR), qui ont remporté un tiers des voix au premier tour de l'élection présidentielle. Les élections législatives devraient sans doute amplifier ce mouvement.

"Cela va créer davantage d'incertitudes et il devrait y avoir des mesures assez fortes prises à l'encontre de la finance, comme de nouvelles taxes sur les banques ou la séparation des activités bancaires à la Volcker et à la Vickers, même s'il existe déjà une très forte séparation dans les banques françaises.

"On devrait assister à un infléchissement en Europe et de la part de l'Allemagne, avec des mesures prises en faveur de la croissance et de l'investissement (...) François Hollande sera épaulé en Europe par Mariano Rajoy et Mario Monti pour faire face à Angela Merkel et lui demander une hausse des transferts en Europe."

* ALEXANDRE BARADEZ, analyste de marchés, SAXO BANQUE

"Le résultat de l'élection avait été anticipé par les marchés depuis plusieurs semaines.

"Tous les opérateurs ont désormais les yeux rivés sur les premiers échanges entre le nouveau président et la chancelière allemande au sujet du pacte budgétaire européen, au-delà des politiques nationales qui seront menées et sur lesquelles les candidats avaient déjà beaucoup communiqué, la grande incertitude demeure le degré de renégociation du pacte et la mise en avant de la politique de croissance prônée pendant la campagne.

"Dans une situation économique européenne récessive et avec les taux d'endettement record de plusieurs Etats européens, les propositions sur la croissance seront scrutées à la loupe sachant qu'il faudra également composer avec la BCE."

* FABRICE COUSTÉ, directeur général, CMC MARKETS FRANCE

"Tout reste à faire pour François Hollande qui devra en priorité s'atteler à la réduction des déficits au travers d'une ambitieuse réforme fiscale visant à lever 45 milliards d'impôts nouveaux. La fenêtre de tir devrait être étroite pour le président du changement car les problèmes de fond - dette, chômage, baisse du pouvoir d'achat- ressurgissent dans toute l'Europe." (Alexandre Boksenbaum-Granier et Blaise Robinson, édité par Marc Joanny)