LONDRES, 21 juin (Reuters) - Le marché européen des introductions en Bourse (IPO) ne devrait pas voir de nouveaux candidats avant l'été, l'incertitude politique ayant perturbé les marchés, selon les banquiers.

Cette semaine, la marque italienne de baskets de luxe Golden Goose et le distributeur de mode espagnol Tendam ont tous deux reporté leur introduction en Bourse, invoquant l'impact sur les marchés des élections législatives anticipées à venir en France.

La dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron, en réponse à la victoire de l'extrême droite lors des élections législatives européennes, a fait baisser l'euro, les actions des grandes sociétés françaises et le prix des obligations souveraines de la France.

La semaine dernière, l'indice de volatilité Euro STOXX 50 a atteint son plus haut niveau depuis octobre.

Mardi soir, Golden Goose, qui fabrique des baskets à 500 dollars, et son propriétaire, le fonds Permira, ont décidé de retirer l'introduction en Bourse qu'ils avaient annoncée à la fin du mois de mai.

Une décision liée à la fois aux difficultés du secteur du luxe et aux conditions de marché alors que Permira a connu un revers sur la cotation d'une autre de ses sociétés, le fabricant britannique de bottes Dr Martens, dont l'action a chuté de 78% depuis son introduction en bourse en 2021.

Permira s'est refusé à tout commentaire.

Par ailleurs, l'été est généralement une période plus calme pour les IPO et certains banquiers ont averti que les investisseurs étaient plus sélectifs quant aux opérations qu'ils soutiendraient.

Plusieurs banquiers soulignent toutefois que le marché n'est pas fermé aux transactions, puisque les volumes de vente d'actions se sont redressés depuis le début de l'année.

Par exemple, cette semaine, la société Europastry, spécialisée dans les produits de boulangerie surgelés, a annoncé son intention de s'introduire en bourse en Espagne et de lever au moins 225 millions d'euros.

"Je ne pense pas que le marché soit fermé, mais il est clair que pour un marché des introductions en Bourse qui se redressait timidement, le coup a été un peu rude", observe Andreas Bernstorff, responsable des marchés de capitaux chez BNP Paribas.

L'élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis pourrait également venir perturber le calendrier des projets d'IPO mais les banquiers jugent que les investisseurs seront moins préoccupés par le potentiel de volatilité sur le marché. Les entreprises qui souhaitent s'introduire en Bourse à partir de septembre pourraient donc avoir de meilleures chances.

"Certaines introductions en Bourse se préparent à avoir lieu après l'été et pourraient avoir de meilleures chances que ce que l'on pensait auparavant", souligne Andreas Bernstorff.

Dans le "pipeline", figurent l'éditeur universitaire allemand Springer Nature et le fabricant de médicaments Stada qui pourraient s'introduire en Bourse dans le courant de l'année, selon des sources à Reuters.

(Rédigé par Anousha Sakoui, Emma-Victoria Farr et Elisa Anzolin, avec la contribution de Helen Reid et Samuel Indyk ; version française Diana Mandiá et Blandine Hénault)