Par Marc Angrand

Le groupe, numéro un mondial du crédit aux collectivités locales qui employait environ 35.000 personnes fin 2007, devrait supprimer 350 emplois en Belgique, un peu moins de 250 en France et une centaine au Luxembourg. 250 emplois sont également visés dans les filiales du groupe ailleurs dans le monde.

Les premières mesures d'économies approuvées jeudi soir par le conseil d'administration réuni à Bruxelles contribueront en 2009 à hauteur de 200 millions d'euros au programme de réduction générale de coûts de 15% qui court sur trois ans.

L'action Dexia, qui valait 18,86 en avril dernier, cédait 6,43% à 2,47 euros à 12h15, le marché n'étant pas encore complètement rassuré.

"Je peux acheter de la dette Dexia parce qu'ils ont la garantie de l'Etat mais pas le titre parce qu'on est peut être pas encore à l'abri", de mauvaises surprises a commenté Fabienne Girard-Tokay, une gérante à Mandarine Gestion.

Les 900 suppressions de postes prévues constituent le principal volet de ce premier plan, qui conduira le groupe à accélérer le recentrage de ses activités de financement public et à réorganiser en profondeur ses activités de trading.

Les économies passeront aussi par la suppression "à titre exceptionnel" du dividende de 2008, par la baisse de la rémunération versée aux administrateurs et par la suppression des bonus des dirigeants au titre de 2008.

Le directeur général Pierre Mariani a indiqué lors d'une conférence de presse à Bruxelles que le groupe pourrait reprendre le versement du dividende lorsqu'il aurait renoué avec les bénéfices, mais que, pour le moment, "il n'y a rien à distribuer".

"DES EFFORTS ET DES SACRIFICES"

"La mise en oeuvre rapide du plan de transformation de Dexia (...) est plus que jamais nécessaire. Je suis conscient qu'il demande des efforts et des sacrifices à tous, mais il est équitable et mesuré", a fait valoir Pierre Mariani.

Dexia prévoit de vendre ou d'adosser à des partenaires ses activités en Australie, en Europe de l'Est (à l'exclusion de Dexia Banka Slovensko), au Mexique, en Inde et en Scandinavie; au Japon, en Allemagne et en Suisse, sa présence sera maintenue mais sans développement commercial; au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, les activités seront fortement réduites.

La branche de trading sera réorganisée avec pour objectif la réduction de l'exposition au risque, en fermant les activités de trading pour compte propre et en regroupant les autres sur deux plates-formes, à Bruxelles et Dublin.

Les résultats 2008 estimés, publiés vendredi par Dexia, "portent la marque des conditions de marché toujours difficiles" du quatrième trimestre et intègrent les pertes liées à la cession en cours de l'activité d'assurance de la filiale américaine FSA à Assured Guarantee.

Les pertes de FSA devraient en effet atteindre 1,7 milliard d'euros. S'y ajouteront 1,2 milliard de provisions et de dépréciations "liées à la crise financière", précise le communiqué.

Sur la base de ces chiffres estimés, "le ratio de solvabilité Tier 1 du groupe devrait être supérieur à 10% à fin décembre 2008", ajoute-t-il.

Dexia a reçu en septembre 6,4 milliards d'euros de capitaux des Etats français, belge et luxembourgeois ainsi que de ses grands actionnaires privés, alors que la crise financière menaçait sa solvabilité.

Les résultats définitifs de la banque pour 2008 seront arrêtés le 25 février et publiés le lendemain.

Marc Angrand, Philip Blenkinsop, Julien Ponthus, Sudip Kargupta, édité par Jean-Michel Bélot et Gilles Guillaume