Les gouvernements des deux pays ont précisé dans des communiqués qu'ils apporteraient respectivement 2,9 milliards d'euros et 2,6 milliards à l'ancien leader mondial du financement des collectivités locales, sous la forme d'actions de préférence.

Avec le Luxembourg, les deux Etats ont dans le même temps convenu de ramener à 85 milliards d'euros les garanties publiques dont bénéficient Dexia pour ses besoins de financement, contre 90 milliards précédemment.

"La clé de répartition (des garanties, NDLR) entre les Etats a été modifiée comme suit : 51,41% pour la Belgique, 45,59% pour la France et 3% pour le Luxembourg", précise Dexia.

La contribution de la Belgique, auparavant de 60,5%, s'en trouve ainsi réduite. Celle de la France était jusqu'ici de 36,5%.

Ces modifications prendront effet dès leur approbation par la Commission européenne, attendue au début 2013, indique le ministère français de l'Economie dans un communiqué.

La répartition des garanties accordées à Dexia a entraîné ces derniers mois de vives tensions entre la Belgique et la France. Les deux pays, qui s'efforcent de redresser leur situation budgétaire dans le contexte de crise de la dette au sein de la zone euro, se rejettent la responsabilité du naufrage de Dexia.

Les autorités belges demandaient ainsi à la France de supporter une plus grande part du fardeau financier. Les tensions entre les deux Etats ont entraîné cet été l'éviction du français Pierre Mariani, remplacé au poste de directeur général par le belge Karel de Boeck.

PAS D'IMPACT SUR LE DÉFICIT EN BELGIQUE

Sauvée une première fois de la faillite en 2008 après l'effondrement de Lehman Brothers, la banque franco-belge avait déjà été renflouée il y a quatre ans à hauteur de six milliards d'euros par les Etats belge, français et luxembourgeois.

Steven Vanackere, le ministre belge des Finances, a dit espérer que la nouvelle recapitalisation soit la dernière pour Dexia et a assuré qu'elle n'affecterait pas le déficit public mais uniquement la dette de la Belgique.

"Je pense que nous sommes vraiment en train de voir le bout du tunnel pour sécuriser la situation de Dexia", a déclaré de son côté le ministre de l'Economie Pierre Moscovici à des journalistes en marge des Journées économiques de Lyon, évoquant des négociations "extraordinairement compliquées".

"Nous sommes en train de démêler cet écheveau alors que c'est un héritage du passé dont je me serais bien passé", a-t-il ajouté.

Déstabilisé par la crise de la dette dans la zone euro, le groupe a été acculé à l'automne 2011 au démantèlement, contraignant la Belgique à nationaliser les activités belges de Dexia.

La France s'est de son côté engagée à reprendre les activités de financement des collectivités territoriales de Dexia, via la création d'une nouvelle banque publique détenue par la Caisse des dépôts (CDC) et la Banque postale.

Au grand dam des collectivités locales françaises, ce nouvel établissement tarde à voir le jour, sa création étant suspendue au feu vert de la Commission européenne sur le plan de démantèlement de Dexia.

Depuis son premier sauvetage en 2008, la banque a été contrainte de céder des actifs. Elle a ainsi récemment bouclé les ventes de ses filiales Dexia BIL au Luxembourg et Denizbank en Turquie, ce qui s'est traduit par des pertes dans les comptes de l'établissement bancaire.

Pour les neuf premiers mois de l'année, la perte nette de Dexia s'élève ainsi à 2,39 milliards d'euros, dont 1,22 milliard pour le seul troisième trimestre. En 2011, les pertes avaient atteint plus de 11 milliards d'euros.

En Bourse, la banque a vu en quatre ans son cours s'effondrer. Sa capitalisation boursière est tombée à 350 millions d'euros alors que son bilan s'élève encore à 384 milliards à fin septembre.

A 13h20, le cours de l'action Dexia était inchangé à 0,18 euro.

Avec Jean-Baptiste Vey à Lyon, Phil Blenkinsop à Bruxelles et Blandine Hénault à Paris, édité par Jean-Michel Bélot

par Matthieu Protard