Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont déclaré dimanche que les deux plus grandes économies de la zone euro étaient d'accord sur la nécessité d'une résolution de la crise et le principe d'une recapitalisation des banques. Mais ils ont refusé de donner le moindre détail.

"Nous présentons les principes, sans parler des détails", a dit la chancelière, selon qui "ça n'aurait pas de sens d'évoquer tel détail sans avoir fini de peaufiner le reste". Nicolas Sarkozy a renvoyé les journalistes "à une réunion (qui se tiendra) à une date à fixer".

La réponse promise par Paris et Berlin doit intervenir d'ici le sommet du G20 des 3 et 4 novembre à Cannes.

Il ne faut pas attendre de "remède miracle", a prévenu lundi un porte-parole du gouvernement allemand, mais "une contribution à ce que la zone euro reprenne confiance et retrouve sa capacité d'action".

Etape importante, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens prévu le 17 octobre a été repoussé au 23. L'objectif est de disposer de plus d'informations sur la situation de la Grèce, la recapitalisation des banques et le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF), a précisé le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.

Athènes a parallèlement annoncé avoir achevé lundi ses discussions avec la troïka formée par l'Union européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne en vue du déblocage d'une tranche d'aide dont le pays a besoin pour éviter la faillite d'ici un mois.

AVANCÉE EN GRÈCE

Paris et Berlin font front sur les grands principes, dont la sauvegarde de l'euro et la nécessité pour les banques de pouvoir continuer à irriguer l'économie par le crédit, mais les deux pays n'abordent pas ces discussions sur la même base.

Les autorités françaises savent en particulier que la conservation de la note AAA du pays - un objectif encore renforcé par l'approche de l'élection présidentielle d'avril-mai 2012 - leur impose d'éviter les dépenses supplémentaires et donc de payer une éventuelle recapitalisation publique des banques.

L'Allemagne souhaite quant à elle qu'une éventuelle recapitalisation publique passe d'abord par les Etats, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) n'étant selon elle qu'un instrument de dernier recours pour des pays qui n'ont pas la marge financière pour intervenir directement.

Une des craintes pour le AAA français, liée au sauvetage de Dexia, a été apaisée lundi par la confirmation ou la répétition de la note de la France par les deux plus grandes agences de notation, Standard and Poor's et Moody's.

Nicolas Sarkozy a voulu dissiper tout différend sur le sujet, en déclarant dimanche que "sur le renforcement de la structure de capital des banques, notre accord avec l'Allemagne est complet, et sur la modalité et sur la finalité". "Sur le FESF, il n'y a pas de divergence, nous voulons qu'il soit efficace et opérationnel", a-t-il ajouté.

Même accord affiché sur la Grèce, malgré des informations du Financial Times Deutschland selon lesquelles Berlin veut convaincre ses partenaires qu'un défaut est inévitable, une issue à laquelle la France est opposée.

Le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, a dit lundi s'attendre à ce que son pays bénéficie de conditions plus favorables dans le cadre du deuxième plan d'aide décidé en juillet, qui prévoit que les banques assument une décote sur la dette souveraine grecque qu'elles détiennent.

Paris et Berlin se sont par ailleurs dits prêts à une modification des traités pour renforcer l'intégration européennes, un projet qui prendrait des mois et devrait affronter l'opposition des Etats à des pertes de souveraineté.

La Fédération bancaire française a répondu lundi aux questions sur une éventuelle recapitalisation des banques en expliquant qu'une telle opération ne résoudrait pas la crise de la dette souveraine de la zone euro et qu'il fallait plutôt restaurer la crédibilité des Etats concernant la réduction de leurs dettes et déficits.

Jean-Baptiste Vey, édité par Patrick Vignal