Paris (awp/afp) - Regain d'optimisme à la Banque de France: dans ses dernières prévisions, l'institution a doublé lundi sa prévision de croissance en France pour 2023 et table désormais sur une progression de 0,6% du produit intérieur brut (PIB), contre 0,3% envisagé jusqu'alors.

Sur le front de l'inflation, la banque centrale abaisse sa prévision pour 2023.

En ce qui concerne la croissance, l'institution justifie le doublement de sa prévision par une inflation (en particulier énergétique) moins forte qu'attendu, et "une croissance plus élevée de la demande mondiale".

"L'économie française se porte bien, la Banque de France vient de rehausser sa prévision de croissance, elle se rapproche de celle du gouvernement" (1% en 2023), a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur RMC/BFM TV.

Ces bonnes surprises sont toutefois contrebalancées par "l'environnement financier" du pays, les taux de change et les taux d'emprunt étant moins bien orientés qu'en décembre.

Autre enseignement: alors que l'inflation alimentaire a pris le relais de l'inflation énergétique comme principal moteur de la hausse des prix, elle devrait atteindre son pic "vers la fin du premier semestre", selon Matthieu Lemoine, un des auteurs des projections macro-économiques 2023-2025 publiées lundi.

Toutefois, il ne devrait pas y avoir "de mois rouge" même s'"il y a évidemment un point d'attention et il y a une période de prix alimentaires élevés qui est très sensible pour nos concitoyens", a déclaré François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France sur France inter.

Les prix augmenteraient ensuite plus lentement, grâce à "la détente prévue sur le prix des intrants agricoles (...) et les prix internationaux des matières premières agricoles", explique l'institution. Mais "on ne prévoit pas de baisse des prix de l'alimentation à l'horizon de notre projection", c'est-à-dire 2025, avertit M. Lemoine.

Tous biens et services compris, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) - le baromètre de l'inflation qui fait référence au niveau européen et que la Banque de France utilise dans ses projections - augmenterait de 5,4% en moyenne annuelle en 2023, contre 6% attendu jusqu'ici.

La hausse de l'IPCH reculerait ensuite à 2,4% en 2024 puis 1,9% en 2025, passant sous la barre des 2% que vise la Banque centrale européenne (BCE).

Pas de spirale inflationniste

Ces prévisions d'activité et d'inflation dépendent néanmoins de "nombreux aléas".

"Les effets indirects de la récente volatilité bancaire et financière sont à suivre de près, comme l'ont rappelé les événements récents provoqués par la fermeture de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis ou l'incertitude autour du Credit Suisse", détaille-t-elle.

Les difficultés des banques américaine et helvétique ont créé une grande volatilité sur les marchés, les investisseurs craignant une crise financière d'ampleur.

Mais le rachat de Credit Suisse par UBS, annoncé dimanche soir, est "un bon accord" et les banques françaises sont "solides" et "testées régulièrement", a tenté de rassurer lundi M. Le Maire.

Quant à l'impact des tensions actuelles autour de la réforme des retraites en France, "il peut y avoir des effets temporaires d'un trimestre sur l'autre", a reconnu le chef économiste de la Banque de France Olivier Garnier, mais "quand on raisonne à l'horizon pluriannuel (...) ce n'est pas de nature à affecter significativement la projection".

Les économistes de l'assureur crédit Allianz Trade sont plus méfiants et ont chiffré lundi à 0,3 point de PIB en 2023, "soit environ huit milliards d'euros", le coût de grèves prolongées contre la réforme des retraites.

Ces aléas mis de côté, la Banque de France table donc sur un net regain de croissance en 2024 (1,2% comme attendu dans les précédentes prévisions) et en 2025 (1,7% contre 1,8%).

Ce redécollage serait notamment soutenu par la consommation des ménages (+1,5% en 2024 et +1,6% en 2025), dont la rémunération devrait connaître une progression plus dynamique que ces dernières années.

Le salaire moyen par tête, qui englobe les heures supplémentaires et les primes, devrait croître de 6% en 2023, de 4,6% en 2024 et de 3,7% en 2025, sans que le pouvoir d'achat ne bondisse dans les mêmes proportions.

"Cette augmentation des salaires ne devrait pas engendrer de spirale inflationniste", précise la Banque de France.

afp/al