L'effondrement, la semaine dernière, de la Silicon Valley Bank aux États-Unis a mis en évidence la vulnérabilité des banques face à une forte hausse des taux, tandis que l'effondrement des actions du Crédit suisse a ajouté aux turbulences du marché.

Ces turbulences pourraient inciter les principales banques centrales à ralentir le rythme des hausses de taux ou à les interrompre.

Dans l'ensemble, 10 grandes économies développées ont relevé leurs taux d'un total de 3 165 points de base (pb) au cours du cycle actuel.

Graphique : La course aux hausses de taux - https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKETS/jnpwyjemkpw/chart.png

Le Japon est l'exception.

Voici un aperçu de la position des décideurs politiques, des plus optimistes aux plus pessimistes.

1) ÉTATS-UNIS

La Réserve fédérale, qui se réunira le 22 mars, doit se concentrer sur l'inflation de base persistante et sur les tensions dans le système bancaire provoquées par la faillite de la Silicon Valley Bank de Californie.

Un programme de prêts destiné à endiguer les sorties de dépôts pourrait permettre à la Fed de continuer à augmenter son taux de financement, actuellement compris entre 4,5 % et 4,75 %, même si la prochaine augmentation ne devrait pas être agressive.

Les opérateurs s'attendent généralement à une hausse de 25 points de base pour atteindre 4,75-5,00 %.

Graphique : Prochaine décision de la Fed : hausse ou pause ? - https://www.reuters.com/graphics/USA-FED/znvnblbdxvl/chart.png

2) NOUVELLE-ZÉLANDE

La Reserve Bank of New Zealand (RBNZ) a ralenti son rythme de resserrement, augmentant les taux de 50 points de base pour atteindre un niveau record de 4,75 % en février.

Les minutes de la réunion ont montré que les responsables avaient envisagé une augmentation de 75 points de base. La RBNZ a également maintenu sa prévision de taux maximum à 5,5 %, déclarant qu'il était trop tôt pour évaluer les implications politiques des graves inondations de janvier dans l'île du Nord du pays.

Graphique : Hausse des taux d'intérêt en Nouvelle-Zélande - https://www.reuters.com/graphics/NEWZEALAND-ECONOMY/dwvkdkdggpm/chart.png

3) CANADA

Le 8 mars, la Banque du Canada est devenue la première grande banque centrale à interrompre le resserrement monétaire au cours de ce cycle.

Elle a maintenu son taux d'intérêt directeur au jour le jour à 4,50 % dans le but de le conserver aussi longtemps que l'inflation baisserait à 3 % vers le milieu de l'année. La sous-gouverneure Carolyn Rogers a déclaré que "si des éléments s'accumulent qui suggèrent que l'inflation pourrait ne pas diminuer conformément à nos prévisions, nous sommes prêts à en faire plus".

Graphique : La Banque du Canada maintient son taux directeur - https://www.reuters.com/graphics/CANADA-CENBANK/akveqeqzjvr/chart.png

4) BRETAGNE

Les prédictions des marchés à terme ont évolué sur la question de savoir si la Banque d'Angleterre, première grande banque centrale à être devenue hawkish en décembre 2021, relèvera ses taux d'intérêt pour une onzième fois le 23 mars.

Le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, a déclaré qu'il était possible que la banque soit proche de la fin de son cycle de hausse des taux. Les traders estiment désormais à 46 % la probabilité d'une pause au taux actuel de 4 %.

Graphique : La lutte de la BoE contre l'inflation - https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-CENTRALBANKS/znpnblbzxpl/chart.png

5) AUSTRALIE

La banque centrale australienne a relevé son taux directeur d'un quart de point à 3,6 % en mars, le plus élevé depuis mai 2012, mais a laissé entendre que les hausses de taux pourraient être terminées pour l'instant. Le gouverneur de la Reserve Bank of Australia, Philip Lowe, a déclaré le 8 mars que la politique monétaire était désormais "en territoire restrictif" et que le conseil d'administration de la banque était prêt à réagir si les données économiques plaidaient en faveur d'une pause.

Graphique : Maîtriser l'inflation - https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKETS/THEMES/lbpgglyzypq/chart.png

6) NORVÈGE

La banque centrale norvégienne se réunit la semaine prochaine et devrait relever ses taux de 25 points de base pour contenir une inflation supérieure à l'objectif.

La Norges Bank a relevé son taux directeur à huit reprises depuis fin 2021, le faisant passer de zéro à 2,75 %, et a déclaré qu'elle le porterait probablement à 3 % en mars.

Graphique : Les problèmes d'inflation en Norvège - https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-CENTRALBANKS/byvrlmlrnve/chart.png

7) ZONE EURO

La BCE a relevé son taux directeur de 50 points de base supplémentaires pour le porter à 3 % jeudi, sa sixième hausse consécutive et son niveau le plus élevé depuis octobre 2008, malgré les turbulences sur les marchés financiers qui ont fait craindre une crise bancaire mondiale.

Elle a déclaré que les futures augmentations de taux dépendraient des données disponibles et qu'elle poursuivrait son plan visant à ramener l'inflation à son objectif à moyen terme de 2 %.

Graphique : La BCE s'en tient à une forte hausse La BCE s'en tient à une forte hausse - https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-CENTRALBANKS/gdvzqkyzbpw/chart.png

8) SUÈDE

La Riksbank a augmenté les coûts d'emprunt suédois de 50 points de base en février, à 3 %, et a indiqué qu'un nouveau resserrement était à venir. Sa prochaine décision aura lieu le 26 avril.

L'inflation a été très élevée en février, avec un taux sous-jacent, sans tenir compte des prix volatils de l'énergie, de 9,3 %, le rythme le plus rapide depuis juillet 1991.

Graphique : D'autres hausses de la Riksbank sont attendues dans un contexte d'inflation record - https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-CENTRALBANKS/xmvjkbkogpr/chart.png

9) SUISSE

La Banque nationale suisse, qui vient de s'engager à verser 54 milliards de dollars pour soutenir le Crédit suisse, a d'autres chats à fouetter que l'inflation, bien que celle-ci soit un véritable casse-tête.

L'inflation annuelle globale a augmenté en février pour atteindre 3,4%, un chiffre plus élevé que prévu.

Néanmoins, en raison du stress du système bancaire, les traders s'attendent désormais à une augmentation des taux de 25 points de base le 23 mars, ce qui représente un recul par rapport à l'augmentation de 50 points de base, à 1 %, prévue en décembre.

Graphique : Plus de hausses de taux - https://www.reuters.com/graphics/CEN-WRAP/lbvggjnqevq/chart.png

10) JAPON

La Banque du Japon, la plus dovish des grandes banques centrales mondiales, a maintenu des taux d'intérêt très bas lors de sa réunion de mars, la dernière pour le gouverneur sortant de la BOJ, Haruhiko Kuroda.

La Banque du Japon a refusé de modifier sa politique controversée de contrôle de la courbe des taux, qu'elle utilise pour plafonner les taux d'intérêt sur la dette à long terme. Les investisseurs s'attendent à ce que le successeur de Kuroda, Kazuo Ueda, mette fin progressivement à ce programme, peut-être dès cette année, étant donné que l'inflation dépasse désormais l'objectif de 2 % de la BOJ.

Graphique : La BOJ sous le feu des critiques - https://www.reuters.com/graphics/JAPAN-ECONOMY/BOJ/xmvjkbozkpr/chart.png