Zürich (awp) - L'assemblée générale (AG) annuelle de Credit Suisse s'est déroulée dans un climat passablement plus serein que cela a été le cas ces dernières années. Même les salaires des dirigeants ont allègrement passé la rampe. En dépit de quelques critiques, le rapport de rémunération a recueilli plus de 82% de suffrages favorables.

Toutes les propositions soumises par le conseil d'administration ont été approuvées par les actionnaires, comme il fallait s'y attendre, dans la mesure où le numéro deux bancaire helvétique jouit de la confiance de ses principaux actionnaires, qui représentent presque 99% des droits de vote.

Ainsi, le rapport de rémunération a été accepté à 82,1% à l'occasion d'un scrutin consultatif. L'année dernière, le taux d'approbation avait été de 80,8%, alors qu'en 2017 les dirigeants de Credit Suisse avaient senti le vent du boulet avec seulement 58% de voix favorables.

Des voix critiques se sont cependant fait entendre cette année aussi. En préambule de l'assemblée générale, Ethos et Glass Lewis avaient recommandé aux actionnaires de rejeter le rapport de rémunération.

Le directeur général (CEO) de Credit Suisse, Tidjane Thiam, a perçu en 2018 une rémunération totale de 12,7 millions de francs suisses, soit près d'un tiers de plus qu'un an plus tôt, lorsqu'il avait de lui-même renoncé à une partie de son bonus. Le versement de bonus a hauteur de 30,6 millions de francs suisses pour l'ensemble de la direction a été accepté à 84,9%.

Rohner confirmé à la présidence

Les autres propositions relatives à la rémunération de la direction et du conseil d'administration ont également reçu le feu vert des actionnaires. Le taux d'approbation pour la part variable de la direction (85%) a été légèrement inférieur à celui sur les salaires fixes (87%).

Les bonus à long terme pour l'exercice en cours à hauteur de 30,2 millions de francs suisses ont été acceptés à 84,5%, et les salaires de la direction jusqu'à la prochaine AG - soit un montant maximal de 31,0 millions - à 86,9%. Le conseil d'administration pourra quant à lui se répartir jusqu'à concurrence de 12,0 millions, sans distinction des parts fixe et variable.

Les actionnaires ont reconduit dans leurs fonctions l'ensemble des administrateurs sortants pour une année supplémentaire et adoubé les nouveaux venus. Urs Rohner, qui occupe la présidence depuis 2011, a été réélu à 93,2%, contre 89,5% un an plus tôt.

Cours de l'action pointé du doigt

Quelque 1300 actionnaires - qui ne représentent toutefois que 1,2% des droits de vote - ont fait le déplacement au Hallenstadion, en périphérie zurichoise, à peine plus que l'année dernière. Les principaux actionnaires, parmi lesquels le groupe Olayan, Qatar Holding, Harris Associates, BlackRock ou encore le fonds souverain norvégien - le plus important de la planète - se font représenter.

En préambule du vote sur le rapport de rémunération, une vingtaine d'intervenants ont pris la parole. Le directeur de la fondation Ethos, Vincent Kaufmann, a pointé du doigt le salaire des dirigeants, qu'il juge "intolérables" au vu de la chute de 40% de la valeur de l'action au cours de l'année dernière.

Dans son intervention, le patron de la banque aux deux voiles a estimé qu'il légitime de se demander "pourquoi le cours de l'action se situe là où il est", et si la stratégie est véritablement couronnée de succès. Le Franco-Ivoirien a souligné que l'évolution du cours de l'action ne dépend pas uniquement de la performance de la banque, mais aussi du contexte dans lequel opère l'ensemble de la branche.

Et de rappeler que le secteur bancaire a subi les vicissitudes des marchés ces dernières années. Selon Tidjane Thiam, entre l'été 2015 et 2016, le cours des valeurs bancaires européennes s'est effondré de 48%, et l'année dernière de 33%.

"Nous promettons que nous allons dès à présent relever notre valeur comptable par action, ce qui devrait se traduire dans la durée par une hausse du cours de l'action", a-t-il affirmé devant un parterre d'actionnaires.

La thématique environnementale s'est également invitée dans l'argumentaire des intervenants, faisant écho à la poignée de manifestants, qui dans la matinée, avait bravé la pluie pour dénoncer le financement par Credit Suisse de la crise climatique, par le biais de son soutien à l'industrie des hydrocarbures.

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