ZURICH (Reuters) - Credit Suisse prévoit de lever 4 milliards de francs suisses (4,03 milliards d'euros) en vendant des actions et de supprimer des milliers d'emplois et en scindant sa banque d'investissement afin de se remettre d'une série de lourdes pertes.

L'annonce a été mal accueillie par les investisseurs et le titre de la banque chutait de 14,4% à la Bourse de Zurich à 08h46 GMT.

Au centre ces dernières années de plusieurs scandales, Credit Suisse a souligné ce jeudi que ses clients avaient récemment procédé à d'important retraits, ce qui témoigne de l'impact sur ses activités des fortes fluctuations du marché et d'une couverture médiatique jugée négative.

Le nouveau modèle stratégique comporte de nombreux éléments, dont la suppression d'emplois et le recentrage vers les patrimoines les plus fournis.

"À partir d'aujourd'hui, nous prenons une série de mesures décisives pour recentrer le Credit Suisse sur les besoins de nos clients et de nos parties prenantes, a dit le directeur général Ulrich Körner dans un communiqué.

"Notre nouveau modèle intégré se focalisera sur Wealth Management, sur la Swiss Bank ainsi que sur Asset Management, et nous allons radicalement restructurer l'Investment Bank, renforcer nos fonds propres et accélérer la transformation de nos coût", a-t-il développé.

La banque supprimera 2.700 emplois, soit 5% de ses effectifs, d'ici à la fin de l'année et, à terme, réduira ses effectifs d'environ 9.000 personnes pour les ramener à environ 43.000 d'ici à la fin de 2025.

La banque suisse a également l'intention de scinder sa banque d'investissement pour créer CS First Boston, axée sur le conseil et les marchés de capitaux.

La Saudi National Bank s'est engagée à investir jusqu'à 1,5 milliard de francs dans Credit Suisse pour atteindre une participation allant jusqu'à 9,9% et pourrait investir dans la banque d'investissement séparée.

Credit Suisse a ajouté qu'il allait créer une unité de libération de capital pour liquider les activités non stratégiques et à haut risque, tout en annonçant la vente d'une grande partie de ses activités de produits titrisés.

"Des points d'interrogation subsistent" concernant la restructuration de la banque d'investissement, estiment les analystes de JPMorgan, qui ajoutent que la vente d'actions pèsera également sur le titre.

La restructuration de la banque, qui vise à mettre derrière elle la pire crise de son histoire, est la troisième tentative ces dernières années des directeurs généraux successifs pour redresser le groupe en difficulté.

Credit Suisse a par ailleurs fait état d'une perte nette distribuable aux actionnaires de 4 milliards de francs suisses au troisième trimestre, dépassant largement l'estimation moyenne à 413 millions de francs, selon un consensus établi par la banque suisse en difficulté, qui a également dévoilé sa nouvelle stratégie.

La "perte nette distribuable aux actionnaires inclut une dépréciation d'actifs d'impôts différés en lien avec notre réexamen de la stratégie de 3,7 milliards de francs", a indiqué la banque dans un communiqué.

La deuxième plus grande banque suisse a enregistré une sortie nette de capitaux de 12,9 milliards de francs suisses au cours du trimestre, contre un afflux nets de 5,6 milliards de francs suisses à la même période l'an dernier.

Son ratio de capital CET1 est tombé à 12,6%, contre 13,5% à la fin du mois de juin. Les analystes tablaient sur 13,4%.

Credit Suisse a accepté lundi de régler à l'Etat français une amende de 123 millions d'euros et 115 millions de dommages et intérêts pour s'éviter des poursuites judiciaires pour blanchiment aggravé de fraude fiscale.

(Reportage Noele Illien, Oliver Hirt et John O'Donnell, avec Michael Shields ; version française Kate Entringer)