Paris (awp/afp) - Crédit Agricole SA, l'entité cotée en Bourse de la banque mutualiste, s'est dit mardi sur de bons rails pour atteindre ses objectifs en 2019, à l'issue d'un premier trimestre dynamique mais rendu atypique par une multitude d'effets exceptionnels.

"Nous devrions atteindre nos objectifs 2018" et "nous sommes parfaitement en ligne avec nos objectifs 2019", a déclaré le directeur général Philippe Brassac lors d'une conférence de presse.

Sur les trois premiers mois de l'année, "CASA" a engrangé un bénéfice net de 856 millions d'euros, en hausse de 1,2%.

L'établissement dépasse ainsi le consensus d'analystes compilé par le fournisseur de données Factset, qui tablait sur 793 millions d'euros.

Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires, est quant à lui en hausse de 4% à 4,9 milliards d'euros.

Sur les trois premiers mois de l'année, la banque a notamment perçu un gain exceptionnel de 68 millions d'euros lié - entre autres - à divers retraitements comptables consécutifs à l'achat fin 2017 de trois caisses régionales en Italie.

Corrigé de ces effets exceptionnels, le bénéfice net montre un visage nettement moins flatteur et affiche un recul de plus de 10%.

CHARGES EN PAGAILLES

En cause, la cession l'an passé d'un certain nombre d'activités considérées comme non stratégiques, notamment des participations dans la société d'investissement Eurazeo et l'établissement saoudien Banque Saudi Fransi (BSF).

Autre facteur de frein, Crédit Agricole SA a fait les frais, comme ses rivales BNP Paribas et Société Générale, de la dépréciation du dollar qui a mécaniquement dégradé la valeur de ses activités hors zone euro.

Enfin, la banque s'est vue appliquer par les superviseurs européens une contribution significativement plus élevée qu'en 2017 au Fonds de résolution unique (FRU), l'un des outils mis en place après la crise financière pour soutenir les établissements en difficulté.

"Les cessions d'entités non stratégiques, les variations de change et les contributions réglementaires ont pesé sur les résultats, mais le groupe a un portefeuille de métiers, une stratégie de relations clients et de ventes croisées ainsi qu'une grande solidité financière qui ont soutenu un haut niveau d'activité" au premier trimestre, a fait valoir M. Brassac.

En neutralisant les effets de périmètre, les changes et charges réglementaires, le bénéfice net ressort en progression de presque 9% sur un an, met en avant la banque.

GESTION D'ACTIFS ET ASSURANCE EN FORME

Dans le détail, Crédit Agricole SA a été porté principalement par sa division de gestion d'actifs et d'assurances, qui a enregistré une hausse soutenue de ses recettes et de ses bénéfices.

Dans ce secteur, l'acquisition l'an passé de Pioneer Investment, racheté à grands frais à l'italien Unicredit, s'est traduite par "une forte croissance organique" dans l'ensemble des segments de clientèle et des zones géographiques, se félicite CASA.

Ces performances ont contribué à compenser le ralentissement des activités de marché dans un contexte d'attentisme peu porteur, conjugué à la dépréciation du dollar.

En banque de détail, le groupe revendique "un fort dynamisme en crédit et collecte" qui a aidé à faire progresser le chiffre d'affaires, grâce notamment à l'intégration des caisses italiennes, même si l'environnement très pénalisant de taux bas a continué à peser sur les bénéfices.

Les taux bas compliquent la tâche de faire fructifier l'argent confié à la banque par ses clients et incitent les emprunteurs à renégocier le tarifs de leur prêt, ce qui pèse à la longue sur la rentabilité des portefeuille de crédit.

Toutefois, "nous sommes très proches de la stabilisation de la marge d'intérêt", la vague des renégociations semblant désormais terminée, a signalé Jérôme Grivet, le directeur financier.

Autres facteurs de satisfaction, "l'intégration des entités acquises en 2017, Pioneer et les trois banques italiennes, se déroule bien et permet même une accélération des synergies", tandis que le coût du risque, c'est-à-dire les provisions pour faire face à d'éventuels non-remboursements de crédits, est en baisse, a souligné l'établissement.

L'ensemble du groupe Crédit Agricole, qui rassemble CASA et les caisses régionales, affiche un bénéfice net en baisse de 11% à 1,4 milliard d'euros et un produit net bancaire stable à 8,3 milliards.

afp/buc