Crédit Agricole SA (>> CREDIT AGRICOLE) élabore un plan d'urgence selon lequel la banque française abandonnerait Emporiki Bank of Greece (TEMP.AT) ou la fusionnerait avec un ensemble d'autres banques grecques si la Grèce quittait la zone euro, a indiqué une personne directement au courant des projets de la banque verte à Dow Jones Newswires.

Cette révélation est la preuve la plus flagrante à ce jour que les multinationales se préparent au pire en Grèce, à quelques jours seulement d'élections législatives qui pourraient se traduire par une sortie du pays de la zone euro. Elle illustre également jusqu'où la troisième banque française cotée est prête à aller pour tirer un trait sur son incursion désastreuse en Grèce.

La banque n'a pas souhaité commenter ces informations.

Le directeur général de Crédit Agricole, Jean-Paul Chifflet, a publiquement déclaré qu'une sortie de la Grèce de la zone n'était pas selon lui le scénario le plus probable. Cependant, le plan d'urgence élaboré par la banque se concentre sur deux options possibles, a expliqué la personne proche du dossier: une consolidation de Emporiki au sein d'un conglomérat plus vaste de banques grecques, qui permettrait à la banque française de diluer sa participation à 10% environ, ou un retrait pur et simple de Grèce en laissant Emporiki faire faillite.

"Politiquement, si la Grèce quittait la zone euro, Crédit Agricole n'aurait aucune obligation de rester", a indiqué la source interrogée. La banque française envisage également de transférer certains actifs de qualité de sa filiale grecque vers Crédit Agricole, a-t-elle ajouté sans fournir d'autres détails.

Abandonner la plus grande banque grecque se trouvant entre des mains étrangères pourrait endommager la réputation de Crédit Agricole et l'exposer à des poursuites judiciaires.

Les analystes estiment qu'une sortie de la Grèce de la zone euro coûterait au moins 5,2 milliards d'euros à Crédit Agricole. Les financements directs accordés par la banque à sa filiale grecque se montaient à 4,6 milliards d'euros en mars.

Dans une récente note interne, Jean-Paul Chifflet et le président de Crédit Agricole, Jean-Marie Sander, ont indiqué que la banque avait acquis Emporiki dans un contexte différent, a souligné la personne proche du dossier. Le groupe a rempli son rôle en tant qu'actionnaire majoritaire et est même allé au-delà, précise la note.

Depuis un an, Crédit Agricole redouble d'efforts pour réduire les pertes de sa filiale grecque. L'acquisition de Emporiki, sixième banque du pays, en 2006 a plombé les comptes de la banque et explique pourquoi son cours de Bourse a chuté de plus de 70% en un an.

Signe que Crédit Agricole accroît ses efforts pour se sortir du marasme grec, la banque a nommé mercredi Xavier Musca, qui était secrétaire général de l'Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, au poste de directeur général délégué, en charge de la banque de proximité à l'international, de la gestion d'actifs et du pôle assurances.

-Noémie Bisserbe, Dow Jones Newswires

(Version française Valérie Venck)

Valeurs citées dans l'article : CREDIT AGRICOLE