par Noëlle Mennella

"Si on a décidé d'ajuster la voilure c'est pour traverser la tempête au mieux et au plus vite", a déclaré Henri Giscard d'Estaing, le président directeur général du Club Méditerranée.

Au cours d'une réunion d'information il a souligné que son groupe "avait la chance d'avoir quasiment finalisé" sa stratégie visant une clientèle haut de gamme "moins sensible à la crise".

Pour 2009, Club Med va réduire de 3% sa capacité hôtelière en diminuant les durées d'ouverture des villages 2 et 3 tridents, une diminution qui pourra aller jusqu'à 10% en basse saison.

En outre, le groupe va limiter ses investissements à 50 millions d'euros l'an prochain au regard des 90 millions envisagés en juin, en décalant deux projets de montée en gamme.

Il compte aussi mettre en place des mesures de productivité pour un montant de l'ordre de 31 millions.

Pour l'exercice 2007-2008 clos le 31 octobre, Club Med a été bénéficiaire de deux millions d'euros, après une perte de huit millions, tandis que son résultat opérationnel s'est amélioré à 10 millions d'euros contre huit l'année précédente et ses ventes à 1.494 millions contre 1.410 millions.

Le résultat opérationnel courant de la division loisirs s'est accru, passant de 25 à 43 millions. L'Ebitdar du pôle (ROC avant amortissements, loyers et variations de provisions) s'est lui aussi amélioré à 257 millions, contre 219.

En 2008, Club Méditerranée dit avoir gagné 61.000 clients sur les 4 et 5 tridents, ses offres les plus luxueuses.

POINT D'INTERROGATION POUR 2009

En Bourse, l'action Club Méditerranée - qui a chuté de près 70% depuis le début de l'année - abandonnait 5,04% vers 12h35 0 13 euros.

Chez Oddo Securities, Guillaume Rascoussier juge que "le niveau de l'Ebitdar loisirs ainsi que l'augmentation du nombre de clients au deuxième semestre constituent des points positifs car ils valident la stratégie du groupe basé sur le haut de gamme".

Mais, poursuit l'analyste, "il y a un grand point d'interrogation pour l'exercice 2008-2009 qui, comme 2007-2008, va être affaibli par d'importantes charges de restructuration et par une baisse des réservations". Il note cependant qu'au delà de 2009 "l'horizon du groupe sera plus dégagé".

Chez Fortis, l'analyste estime que la baisse du titre traduit l'inquiétude du marché au regard de résultats inférieurs au consensus et de l'imprécision du groupe sur les moyens de parvenir à augmenter sa productivité.

A la fin de l'exercice 2007-2008, Club Med avait ramené sa dette à 295 millions d'euros, contre 336 millions pour 2006-2007. Son ratio dette nette sur fonds propres s'en trouve amélioré à 59,7% contre 68,6% au 31 octobre 2007.

Cependant, au 6 décembre, sur la base d'une capacité en baisse de 3,1%, les réservations pour l'hiver 2009 exprimées en chiffre d'affaires comparable sont en recul de 2,4% sur celles de l'hiver 2008.

A la même époque l'an dernier, "le Club Med avait enregistré 70% des réservations du très bon hiver 2008", rappelle le groupe.

Henri Giscard d'Estaing a observé que la crise pétrolière de l'été 2008 avait conduit à un "ralentissement marqué" des réservations dès le mois de juin. Selon lui, le niveau des réservations de l'hiver porte la marque d'un "attentisme de plus en plus marqué".

S'agissant de la réduction des investissements à venir du groupe, le P-DG a souligné que l'essentiel des rénovations des villages du groupe était réalisées après 387 millions d'euros de dépenses sur trois ans.

Pour 2009, Club Med dit avoir pour priorité de gagner des parts de marché par le recrutement des clients à plus haut revenu et d'accélérer la croissance des ventes sur Internet.

Enfin, il compte poursuivre l'an prochain ses efforts de développement sur les marchés relais de croissance que sont la Chine, le Mexique et l'Inde.

Edité par Jacques Poznanski