* Soutien prolongé de l'Etat et du secteur financier

* Incertitudes sur le déroulement des soldes d'hiver

PARIS, 8 janvier (Reuters) - Le gouvernement a annoncé mardi la prolongation des mesures de soutien aux entreprises pénalisées par le mouvement des "Gilets jaunes", à l'heure où les commerçants espèrent que les soldes leur permettront de compenser au moins partiellement le manque à gagner de ces dernières semaines.

"Les fédérations sont assez inquiètes, très mobilisées sur la façon dont les soldes vont se dérouler pour celles qui vont en bénéficier (...) c'est maintenant que les choses se jouent", a déclaré mardi Agnès Pannier-Runacher à la veille du coup d'envoi des soldes d'hiver.

La secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire s'exprimait lors d'un point presse à l'issue d'une réunion à Bercy avec les représentants des fédérations de commerçants et d'artisans ainsi que de représentants du secteur des banques et des assurances au sujet de l'impact économique du mouvement des "Gilets jaunes".

"Il y a eu un phénomène de rattrapage lié aux fêtes de fin d'année, notamment la semaine de Noël a été une bonne semaine, mais ce qui est certain c'est que (ça) ne suffira pas à compenser les pertes de chiffre d'affaires des commerçants", a-t-elle souligné.

Pour certains secteurs comme les commerces alimentaires ou encore l'hôtellerie et la restauration, le manque à gagner sera encore plus difficile à compenser, a-t-elle rappelé.

"Après une fin d'année qui (...) a été particulièrement difficile pour le secteur du commerce (...) on attend beaucoup des soldes" afin que les commerçants "puissent reconstituer leur trésorerie", a déclaré à des journalistes Yohann Petiot directeur général de l'Alliance du commerce, à l'issue de cette réunion.

"BELLES OFFRES" PENDANT LES SOLDES

Même s'il prévoit "qu'il y aura des belles offres en magasin, du stock et des taux de démarque qui seront certainement importants", cela ne garantit pas selon lui le succès des soldes d'hiver 2019, dans un climat de consommation morose.

Sans compter que cette période de rabais "s'ouvre quand même dans un climat d'incertitude, avec un mouvement des 'Gilets jaunes' qui repart et dont on ne sait pas ce qu'il va donner".

D'après Agnès Pannier-Runacher, deux tiers des entreprises françaises ont été touchées par les répercussions de ce mouvement entamé mi-novembre, mais dans des proportions très différentes et la situation globale est "extrêmement hétérogène".

"Certaines (entreprises ont été) massivement touchées, on a des cas de blocages de dépôts cinq semaines consécutives", d'autres ont plutôt connu une perte de chiffre d'affaires "plutôt lié à une baisse du panier moyen parce qu'il y a une morosité de la consommation ou une désaffection pour les commerçants de proximité", a-t-elle précisé.

A l'heure actuelle, les dispositifs de soutien mis en place par l'intermédiaire des banques (comme l'étalement des échéances de paiement, facilités de caisse, offres de prêts travaux) n'ont été que peu sollicités, selon la secrétaire d'Etat, qui a également évoqué un nombre "relativement faible" de sinistres déclarés aux assurances.

"Ce n'est pas illogique, parce que les gens sont concentrés sur terminer l'année et s'occuper de vendre leurs marchandises", a souligné Agnès Pannier-Runacher qui s'attend à ce que les demandes se fassent plus nombreuses en ce début d'année.

"C'est pour ça qu'on (...) va poursuivre l'accompagnement" pour favoriser le rétablissement des trésoreries des entreprises pénalisées, a-t-elle assuré.

Au-delà du maintien de la cellule de continuité économique réactivée fin novembre et des dispositifs de soutien passant par les banques et les assurances, les services de l'Etat vont notamment prolonger pour trois mois les possibilités d'étalement des échéances sociales et fiscales et vont également accélérer le paiement des crédits d'impôts.

A l'exception de quelques départements concernés par des dérogations, les soldes d'hiver se tiendront du mercredi 9 janvier au mardi 19 février.

La réduction programmée de la durée des soldes - de six à quatre semaines - n'est pas encore entrée en vigueur en France. Cette mesure figure dans le projet de loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), qui a déjà adopté en première lecture en octobre à l'Assemblée et dont le Sénat doit entamer l'examen à la fin du mois. (Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Accor, Carrefour, Casino Guichard-Perrachon