Originalité du projet, cette prothèse - qui fonctionne comme un coeur naturel dont elle a l'aspect - est issue d'une longue collaboration entre les équipes médicales du professeur Alain Carpentier et des ingénieurs du groupe EADS, qui ont apporté leur savoir-faire issu de l'industrie aéronautique.

Ce coeur fait de composants électroniques et de matériaux microporeux constitue une alternative crédible à la transplantation cardiaque, qui représente aujourd'hui la seule chance de survie pour des patients atteints de graves insuffisances cardiaques.

Selon les promoteurs de Carmat, contrairement aux prothèses actuelles, ce coeur de nouvelle génération offre une véritable autonomie au patient tout en évitant des effets secondaires sévères, comme la formation de caillots sanguins susceptibles de déclencher des accidents vasculaires cérébraux (AVC).

UN MARCHÉ POTENTIEL DE 16 MILLIARDS D'EUROS

L'insuffisance cardiaque est la première cause de décès dans les pays développés alors que seulement 4.000 transplantations sont réalisées chaque année dans le monde pour quelque 100.000 patients en attente de greffe.

"La transplantation est toujours réalisée par le chirurgien dans des conditions dramatiques puisque ça revient à attendre le décès de quelqu'un pour faire vivre quelqu'un d'autre", a souligné lors d'une conférence de presse le professeur Carpentier, l'un des "pères" du coeur artificiel, qui a déposé son premier brevet sur un prototype en 1988.

La société, qui a reçu dès sa création le soutien du fonds public Oseo sous la forme d'une aide remboursable de 33 millions d'euros, estime le potentiel total du marché à 16 milliards d'euros pour ce type de prothèse. Le coût de ce coeur artificiel devrait être du même ordre que celui d'une transplantation cardiaque (252.000 euros contre 268.000 euros pour la greffe et le suivi post-opératoire).

Déjà testé sur des animaux, ce coeur de 900 grammes alimenté par des batteries externes, est prévu pour durer au moins cinq ans soit l'équivalent de 230 millions de battements.

Il fera l'objet de tests cliniques sur l'homme l'an prochain avant une commercialisation prévue en 2013 en Europe, puis aux Etats-Unis et dans le reste du monde.

La plupart des prothèses cardiaques sont actuellement de conception américaine comme AbioCor, développée par la société Abiomed, cotée sur le Nasdaq américain, ou le projet Magscrew TAH (Total Artificial Heart).

Carmat, qui a obtenu mardi le feu vert de l'AMF à son introduction en Bourse, prévoit de lever quelque 15 millions d'euros par émission de 800.000 actions nouvelles à un prix indicatif compris entre 17,35 et 20,15 euros par action.

Sur la base d'un prix médian de 18,75 euros, cette opération valorise la société à environ 82,5 millions d'euros. Le fonds Truffle Capital conservera une part de 30,1% (contre 41,3% actuellement) tandis que la participation d'EADS, présent dès l'origine au capital, sera ramenée à 22,3% (contre 34,9%) et celle du professeur Carpentier à 12,4% (contre 19,3%), le flottant représentant 24,1%.

Jean-Michel Bélot, édité par Cyril Altmeyer