Carmat, le concepteur du premier coeur artificiel total, souhaite s'introduire en Bourse, sur Alternext, le 13 juillet prochain. Quels sont les objectifs de cette opération? Ses modalités ? Et de manière plus large, les perspectives de la société pour les années à venir? Réponses avec Marcello Conviti, le directeur général de Carmat.


1)Cercle Finance: Quelles sont les raisons ayant motivé cette introduction en Bourse ?

Marcello Conviti: Les 15 millions d'euros que nous souhaitons aujourd'hui lever vont nous aider à consolider notre développement. Par ailleurs, notre introduction en bourse va également nous apporter de la visibilité au plan international. En effet, être une société cotée, avec toute la réglementation et le suivi des comptes que cela suppose, nous rend beaucoup plus rassurants aux yeux de partenaires étrangers.


2)CF:Détaillez nous les modalités de l'opération.

MC: Comme je l'ai dit précédemment, nous souhaitons lever 15 millions d'euros. Cela se fera par émission de 800.000 actions nouvelles, dont le prix unitaire devrait être compris entre 17,4 et 20,2 euros.

Le groupe EADS, l'un de nos actionnaires historiques, s'est dores et déjà engagé à souscrire dans le cadre du Placement Global, jusqu'à un maximum de 5 millions d'euros.

Par ailleurs, nous avons lancé notre offre publique et de placement global le 15 juin dernier pour une clôture le 6 juillet. La fixation du prix des actions et la première cotation sont prévus le 7 juillet. Le début des négociations sur Alternext aura lieu le 13 juillet.


3) CF: Plusieurs biotechs se sont introduites en Bourse récemment, si pour Deinove tout s'est bien passé, cela n'a pas été le cas pour Néovacs et AB Science qui n'ont pu lever les sommes espérées : cela pourrait-il vous arriver ?

MC: Tout d'abord il est important de rappeler que nous n'avons pas le même modèle qu'une société de biotechnologies. En effet, contrairement aux produits pharmaceutiques, dont les études cliniques sont très longues, nos deux étapes clefs interviennent d'ici 12 mois à 3 ans. A savoir les premiers tests chez l'homme l'année prochaine, et la commercialisation en 2013.

Ensuite, le marché boursier a été difficile mais les introductions en bourse ont belle et bien repris. Je pense, par ailleurs, qu'il est valorisant pour un individu d'investir dans une société comme la nôtre, qui est non seulement prometteuse financièrement, mais qui apporte aussi une solution à un enjeu mondial de santé publique.


4) CF: Quel est l'avantage de votre coeur artificiel par rapport à la concurrence ?

MC:. Des concurrents travaillent comme nous sur des traitements dits définitifs, mais nous sommes les seuls à proposer une solution hémocompatible et autorégulée. En fait, notre technologie est la plus avancée au monde car nous développons le seul coeur autonome totalement implantable

Au final, notre coeur artificiel permettra d'éviter les formations de caillots et les accidents vasculaires, mais pourra aussi s'adapter aux besoins physiologiques du patient, grâce des capteurs, qui vont réguler les flux de sang en fonction de son activité.

En face, le seul coeur artificiel commercialisé est le Cardiowest, un coeur à actionnement pneumatique, qui est utilisé dans les situations d'attente d'une transplantation.


5) CF: Votre coeur artificiel n'a pas encore été testé chez l'homme, comment doit se dérouler la phase de test?

MC: Nous visons une première implantation chez l'homme au 2ème semestre 2011. Deux séries d'essais sont prévues : une première, avec six patients, qui nous permettra de tester la sécurité et les principales caractéristiques du coeur. La seconde comprendra 16 patients. Ensuite arrivera le marquage CE et un début de commercialisation pour 2013.


6)CF: Si tous les tests donnent satisfaction d'ici 2013, avez-vous l'intention de vous revendre à un plus grand groupe ?

MC: Il est encore trop tôt pour le dire, mais en cas de succès de la commercialisation, nous pourrons envisager plusieurs alternatives : des accords de partenariat, un rachat, ou bien continuer seul.


7) CF: Quels sont vos objectifs en termes de chiffres d'affaires dans les années à venir ?

MC: Notre marché potentiel total est évalué à 16 milliards d'euros, soit le prix de notre coeur artificiel (160.000 euros) que multiplie la population concernée, environ 100.000 patients par an, dans les pays développés.

Notre business plan prévoit à l'horizon 2024 de cibler près de 10% de ce marché total, soit un chiffre d'affaires de l'ordre de 1,6 milliard d'euros.


8) CF: Avez-vous des partenariats en vue ?

MC: Nous avons de nombreux contacts avec des grands groupes internationaux qui devraient aboutir à des signatures sans aucun doute. Mais je n'en dirais pas plus pour le moment.

Propos recueillis par Vincent Alsuar.

Copyright (c) 2010 CercleFinance.com. Tous droits réservés.