* La compagnie Malaysia Airlines dit "craindre le pire"

* L'appareil a disparu samedi une heure après son décollage de Kuala Lumpur

* Le Viêtnam a repéré en mer des nappes de carburant d'origine encore inconnue

* 227 passagers, dont quatre Français, et 12 membres d'équipage à bord

* Deux passagers étaient porteurs de passeports volés

par Anuradha Raghu et Nguyen Phuong Linh

KUALA LUMPUR/HO-CHI-MINH-VILLE, 8 mars (Reuters) - La compagnie Malaysia Airlines dit "craindre le pire" dimanche plus de 24 heures après la disparition d'un Boeing 777 au-dessus de la mer de Chine méridionale avec 239 personnes à bord, dont quatre Français.

"Les équipes de recherche et de secours restent incapables de déterminer où se trouve l'avion disparu", déclare la compagnie, qui annonce dans un communiqué avoir sollicité l'aide d'une société américaine spécialisée dans la gestion des catastrophes aériennes.

Deux des passagers voyageaient sous une fausse identité, utilisant des passeports volés à un Autrichien et à un Italien, ce qui suscite des interrogations.

Les conditions météorologiques semblaient bonnes et l'appareil n'a émis aucun signal de détresse avant de disparaître soudainement des écrans radars samedi matin une heure après son décollage de Kuala Lumpur à destination de Pékin.

"Nous n'excluons aucune hypothèse", a dit le président de la compagnie malaisienne, Ahmad Jauhari Yahya.

Un grand nombre de bateaux et d'avions dépêchés sur zone par plusieurs pays sillonnent le secteur où le Boeing a été pour la dernière fois en contact avec les contrôleurs aériens, environ à mi-chemin entre la Malaisie et le Viêtnam, sans trouver la moindre trace d'épave.

Des avions de secours vietnamiens ont repéré deux nappes de carburant et une colonne de fumée au large du Viêtnam, sans pouvoir identifier leur origine, a annoncé le vice-ministre vietnamien des Transports.

Ces nappes de pétrole de 15 km de long et la colonne de fumée ont été repérées à environ 150 milles nautiques (270 km) à l'ouest de l'île de Tho Chu "mais nous ne pouvons pas confirmer qu'il s'agit de l'avion malaisien", a dit à Reuters Pham Quy Tieu.

La Chine et les Philippines ont aussi déployé des navires tandis que les Etats-Unis, les Philippines et Singapour ont envoyé des avions militaires participer aux recherches.

"Les recherches dureront aussi longtemps que nécessaire", a assuré le Premier ministre malaisien, Najib Razak. La Malaisie a mobilisé 15 avions militaires, six navires de guerre et trois vedettes des gardes-côtes.

ÉLÈVES AU LYCÉE FRANÇAIS DE PÉKIN

Parmi les 227 passagers figurent une majorité de Chinois (154) et des ressortissants d'au moins 11 autres pays, dont 38 Malaisiens, six Australiens, quatre Français et trois Américains.

Les passagers français, une mère, ses deux enfants et une de leurs connaissances, voyageaient ensemble, a indiqué l'entourage de la ministre des Français de l'étranger, qui a précisé que les trois jeunes sont élèves au lycée français de Pékin. Paris a proposé son aide pour les recherches.

L'Autriche et l'Italie ont chacune fait savoir que leur ressortissant qui figurait sur la liste des passagers ne se trouvait pas à bord. Tous deux s'étaient fait voler leur passeport au cours de voyages en Thaïlande. (voir )

Des responsables européens et américains des questions de sécurité soulignent qu'il n'existe pour le moment aucune preuve d'un acte terroriste et jugent que l'utilisation des passeports volés peut avoir d'autres explications.

La présence de deux passagers munis de faux passeports soutient fortement l'hypothèse d'un attentat, pense en revanche John Goglia, qui a exercé des responsabilités au sein de l'agence américaine des Transports. "Il y a là un gros chiffon rouge", a-t-il dit.

Le dernier contact avec le vol MH370 a eu lieu à 120 milles nautiques au large de Kota Bharu, sur la côte orientale de la Malaisie continentale, près du golfe de Thaïlande, précise Malaysia Airlines, qui, en matière de sécurité, présente l'un des meilleurs bilans des compagnies de la région.

Selon le site flightaware.com, qui suit le trafic aérien, l'appareil a pris la direction du nord-est après son décollage puis a atteint l'altitude de 35.000 pieds (10.660 mètres) et continuait de monter lorsqu'il a disparu.

La disparition de l'appareil malaisien rappelle celle du vol 447 d'Air France qui assurait la liaison Rio de Janeiro-Paris le 1er juin 2009. L'Airbus A330 s'était abîmé dans l'Atlantique. De premiers débris ne furent retrouvés que deux jours plus tard.

Il s'agit probablement de l'accident le plus grave d'un Boeing 777-200ER depuis son entrée en service en 1995.

Un Boeing 777-200ER d'Asiana Airlines s'était écrasé à l'atterrissage à San Francisco le 6 juillet 2013. Trois passagers avaient péri et plus de 180 autres personnes avaient été blessées dans l'accident. (Avec Stuart Grudgings et Niki Koswanage à Kuala Lumpur, Martin Petty à Hanoï, Ben Blanchard, Jonathan Standing et Natalie Thomas à Pékin, Marion Douet à Paris, Alwyn Scott à New York, Michael Shields à Vienne et Naomi O'Leary à Rome; Eric Faye, Tangi Salaün et Guy Kerivel et Bertrand Boucey pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : The Boeing Company, Malaysian Airline System Berhad