* Désintégration en plein vol évoquée

* Hypothèse d'un attentat pas écartée

* Au moins deux passagers étaient porteurs de passeports volés

* Aucun signal de détresse n'a été envoyé

* Un objet repéré en mer par l'aéronavale vietnamienne (Précisions, enquête, Interpol)

par Siva Govindasamy et Nguyen Phuong Linh

KUALA LUMPUR/ILE DE PHU QUOC, Viêtnam, 9 mars (Reuters) - L es enquêteurs qui travaillent sur la disparition du Boeing 777 de la compagnie Malaysian Airlines évoquent la possibilité d'une désintégration en vol de l'appareil, a-t-on appris dimanche de source proche de l'enquête à Kuala Lumpur.

"Le fait que nous soyons toujours incapables de trouver des débris semble indiquer que l'appareil s'est probablement désintégré à environ 35.000 pieds", son altitude de croisière, a dit cette source.

Un avion de l'aéronavale vietnamienne a repéré en mer un objet qui pourrait appartenir au Boeing disparu il y a plus de quarante heures avec 239 personnes à son bord, a annoncé l'Aviation civile du Viêtnam sur son site internet.

Il faisait cependant trop sombre pour avoir une certitude et des navires de recherche vont être dépêchés sur place, au large des côtes sud du Viêtnam, dans la matinée.

Les recherches ont été étendues en mer de Chine méridionale, au large des côtes de la Malaisie et du Viêtnam, où plusieurs traces suspectes ont été repérées, alors que l'enquête se focalise sur au moins deux passagers qui voyageaient sous une fausse identité.

Interpol a confirmé dimanche qu'au moins deux passeports volés - un autrichien et un italien - avaient été utilisés par des passagers du vol MH 370.

L'organisation précise dans un communiqué que les documents ont été respectivement volés en 2012 et 2013 en Thaïlande. Elle effectue actuellement des vérifications pour déterminer si d'autres passeports volés ont été utilisés pour cette liaison aérienne.

Reconnaissant implicitement un défaut de sécurité à l'aéroport de Kuala Lumpur, où les deux passagers ont embarqué avec les passeports déclarés comme volés par leurs détenteurs, le Premier ministre malaisien Najib Razak a annoncé une révision des procédures de contrôle.

LE FBI SOLLICITÉ

Selon la BBC, ces deux passagers suspects avaient acheté leurs billets ensemble et devaient poursuivre leur voyage vers l'Europe après une escale à Pékin, destination du vol MH370, ce qui leur avait évité d'avoir à demander un visa chinois et à se soumettre ainsi à des contrôles de sécurité supplémentaires.

Un employé d'une agence de voyage de la station balnéaire thaïlandaise de Pattaya a confirmé à Reuters qu'elle avait bien vendu les deux billets d'avion aux deux hommes.

Le ministre malaisien des Transports a déclaré que les enquêteurs vérifiaient l'identité de deux autres passagers.

"J'ai une liste de quatre noms. J'ai mobilisé nos services de renseignement et j'ai aussi sollicité l'aide des services de renseignement étrangers", dont le FBI américain, a dit Hishamuddin Hussein, qui détient aussi le portefeuille de la Défense.

La piste terroriste n'est qu'une parmi d'autres, a-t-il insisté. "Nous examinons toutes les hypothèses", a-t-il dit. "Ne brûlons pas les étapes. Notre priorité pour le moment est de trouver l'avion."

Les conditions météorologiques semblaient bonnes et l'appareil n'a émis aucun signal de détresse avant de disparaître soudainement samedi matin une heure après son décollage de Kuala Lumpur à destination de Pékin.

Le chef de l'armée de l'air malaisienne a contribué dimanche à épaissir le mystère en déclarant que, selon les enregistrements radars, l'avion pourrait avoir fait demi-tour avant de disparaître et que la zone de recherche avait été élargie à la côte occidentale de la Malaisie.

Des navires de la marine vietnamienne patrouillent dans les eaux du golfe de Thaïlande à la recherche de débris.

QUATRE FRANÇAIS

La Chine et les Philippines ont aussi déployé des navires tandis que les Etats-Unis, les Philippines et Singapour ont envoyé des avions militaires participer aux recherches.

Parmi les 227 passagers figurent une majorité de Chinois (154) et des ressortissants d'au moins 11 autres pays, dont 38 Malaisiens, six Australiens, quatre Français et trois Américains.

Les passagers français, une mère, ses deux enfants et une de leurs connaissances, voyageaient ensemble, a indiqué l'entourage de la ministre des Français de l'étranger, qui a précisé que les trois jeunes sont élèves au lycée français de Pékin. Paris a proposé son aide pour les recherches.

Le dernier contact avec le vol MH370 a eu lieu à 120 milles nautiques au large de Kota Bharu, sur la côte orientale de la Malaisie continentale, près du golfe de Thaïlande, précise Malaysia Airlines, qui, en matière de sécurité, présente l'un des meilleurs bilans des compagnies de la région.

La disparition de l'appareil malaisien rappelle celle du vol 447 d'Air France qui assurait la liaison Rio de Janeiro-Paris le 1er juin 2009. L'Airbus A330 s'était abîmé dans l'Atlantique. De premiers débris ne furent retrouvés que deux jours plus tard.

Il s'agit probablement de l'accident le plus grave d'un Boeing 777-200ER depuis son entrée en service en 1995.

Un Boeing 777-200ER d'Asiana Airlines s'était écrasé à l'atterrissage à San Francisco le 6 juillet 2013. Trois passagers avaient péri et plus de 180 autres personnes avaient été blessées dans l'accident. (Eric Faye, Bertrand Boucey, Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : The Boeing Company, Malaysian Airline System Berhad