NEW YORK (awp/afp) - Larry Fink, le PDG de BlackRock, a annoncé mardi une série de changements pour faire de la puissante société de gestion d'actifs américaine un leader dans les investissements durables et responsables, répondant ainsi aux critiques de double jeu émises par les ONG.

La société, qui gère plus de 7.000 milliards de dollars d'actifs via des participations dans des entreprises et des fonds spécifiques, va renforcer ses investissements durables, espérant les faire passer de 90 milliards actuellement à 1.000 milliards de dollars d'ici dix ans, a précisé le dirigeant dans une lettre à ses clients.

"Nous sommes convaincus que le développement durable doit devenir notre norme en matière d'investissements", a encore écrit M. Fink.

Il a ajouté que BlackRock allait, dans ses investissements directs, "liquider" d'ici au milieu de l'année "les titres publics (actions et obligations) de sociétés qui génèrent plus de 25% de leurs revenus à partir de la production de charbon thermique".

"Les équipes d'investissement de gestion alternative de BlackRock ne feront à l'avenir aucun investissement direct" dans ce type de sociétés. Ces investissements directs représentent actuellement 1.800 milliards de dollars.

Millenials

M. Fink va plus loin en assurant que BlackRock évaluera désormais les entreprises dans lesquelles elle investit ou souhaite investir sur des critères financiers mais aussi sur leur impact environnemental et social ainsi que sur la bonne gouvernance.

Le gestionnaire d'actifs votera en conséquence contre les directions et les administrateurs n'ayant pas fait assez de progrès dans leurs investissements liés au développement durable.

"Notre conviction en matière d'investissement est qu'un portefeuille intégrant le développement durable et le climat peut générer des retours sur investissement aux risques mieux maîtrisés", a-t-il affirmé, semblant viser les "Millenials" (17-34 ans), soucieux d'investir de façon "responsable" selon les enquêtes.

M. Fink, une des voix les plus influentes de la finance américaine, aime volontiers jouer les Cassandre, prévenant ses pairs que le réchauffement climatique représente un risque de type nouveau pour les marchés financiers.

"Si une fraction seulement des conséquences prévues se réalise, ceci est une crise de long terme et structurelle", a-t-il averti. "Les entreprises, les investisseurs et les gouvernements doivent se préparer à une réallocation importante du capital".

Test

Ce plaidoyer pro-climat intervient quelques jours après de vives critiques de la part de plusieurs ONG environnementales, qui ont lancé une campagne, baptisée "BlackRock's Big Problem", accusant le groupe de se livrer à un double jeu sur les questions environnementales.

Elles l'implorent de se désengager des compagnies spécialisées dans les énergies fossiles et de celles qui ne veulent pas changer leurs pratiques sur le climat.

Si Diana Best, de l'ONG Sierra Club, a salué les promesses de M. Fink, elle attend de voir.

Le test sera "comment BlackRock va voter sur les résolutions pro-climat lors de la saison des assemblées générales des actionnaires en 2020", a-t-elle dit.

Le "critère de 25% ne permet pas de couvrir certains des plus gros producteurs de charbon, y compris des entreprises qui misent sur l'expansion du secteur", a fustigé pour sa part la branche française de l'ONG Les Amis de la Terre.

BlackRock n'est pas le premier fleuron de Wall Street à prendre en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la conduite de son activité.

Goldman Sachs a annoncé en décembre renoncer à financer des forages pétroliers dans l'Arctique, tandis que Citigroup, Morgan Stanley, Bank of America ou JPMorgan Chase ont promis de prêter plusieurs centaines de milliards de dollars pour financer des projets d'énergies renouvelables ou de technologies propres.

La plupart de ces établissements participent aussi à l'émission d'obligations vertes destinées à des investissements durables.

Basé à New-York, BlackRock est au coeur de l'actualité en France, accusé par une partie de l'opposition de tenter de promouvoir le système d'épargne retraite par capitalisation.

Implantée en France depuis 13 ans, la société n'est cependant pas un fonds de pension et ne commercialise pas de plans d'épargne retraite.

afp/rp