Paris (awp/afp) - Les groupes Bel et Lactalis ont annoncé vendredi être entrés en négociations exclusives pour la reprise par Lactalis des fromages Leerdammer, qui permettrait au géant laitier français de s'implanter industriellement aux Pays-Bas.

"Nous avons signé une promesse unilatérale d'achat avec Lactalis portant sur la cession de la marque Leerdammer, de nos filiales Bel Italie, et Bel Allemagne, de Royal Bel Leerdammer aux Pays-Bas et de Bel Shostka en Ukraine", a déclaré à l'AFP Frédéric Médard, vice-président du groupe Bel chargé de la finance.

Dans cette opération, Bel recevrait "en échange" 1'591'472 actions Bel détenues jusque-là par Lactalis, soit environ 23% du capital du groupe fromager, Lactalis conservant un peu moins de 1% du capital, selon un communiqué commun aux deux groupes.

Au cours actuel, cela représente "à peu près 600 millions d'euros" (quelque 660 millions de francs suisses), a déclaré à l'AFP le président de Lactalis, Emmanuel Besnier.

"On était un actionnaire non impliqué dans la gestion donc on préfère finalement avoir l'opportunité de développer une belle marque et des beaux actifs de Bel. Cela permet à Bel de développer leur stratégie, donc c'est un accord qui est équilibré pour les deux", a-t-il ajouté.

Selon les groupes, les activités en jeu cumulent environ 500 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020.

"Cela représente plus de 900 personnes et quatre sites de production entre la Hollande et l'Ukraine", a précisé M. Besnier, dont le groupe ne comptait jusque-là aucune usine aux Pays-Bas, pays pourtant réputé pour sa "très forte culture laitière et fromagère".

Si l'opération reçoit l'aval des autorités des concurrences, Lactalis ambitionne de faire de Leerdammer une "marque mondiale".

"Il s'agit avant tout d'un très beau projet de développement, notamment pour la marque Leerdammer que Bel accompagne depuis près de vingt ans", a assuré M. Médard. "Dans notre giron, la marque a vu son chiffre d'affaires et sa rentabilité doubler".

Cette opération s'inscrit dans une stratégie de rééquilibrage par le groupe Bel de son portefeuille, en réduisant la part des produits laitiers. Bel avait acquis en 2016 le spécialiste des compotes Mont Blanc Materne (MOM: marques Pom'Potes, GoGo squeeZ, Materne et Mont Blanc).

"Nous avons pour ambition de poursuivre notre développement dans nos trois territoires complémentaires, que sont le lait, qui fait partie de notre ADN depuis plus de 150 ans, le fruit et le végétal", selon M. Médard.

"Nous confirmons à ce titre cibler à moyen terme l'équilibre entre le laitier d'une part et le fruit et le végétal de l'autre, en vue de renforcer notre position d'acteur majeur du snacking sain", a-t-il ajouté.

"Il s'agit d'une évolution parfaitement logique au regard des tendances de consommation actuelles qui émergent dans le cadre de la transition alimentaire", a commenté M. Médard.

Le groupe Bel a annoncé par ailleurs une progression de son bénéfice net part du groupe pour l'exercice 2020 de 18,4%, à 144 millions d'euros.

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