Delémont (awp) - Le bénéfice de la Banque cantonale du Jura (BCJ) a retrouvé la croissance l'année dernière, après un exercice 2015 en repli. La prudence reste toutefois de mise pour l'établissement, qui s'évertue à renforcer son assise financière au détriment du dividende, stable. La morosité économique pesant sur la clientèle entreprises n'empêche pas la BCJ de rester confiante pour 2017.

L'année dernière, le bénéfice net s'est étoffé de 2,3% sur un an à 8,8 mio CHF, a indiqué la banque mardi. Sur ce montant, le conseil d'administration propose de réserver 5,4 mio au dividende, qui stagnerait ainsi à 1,80 CHF par action. L'assemblée générale aura le dernier mot le 27 avril.

L'établissement cantonal réserve également 3,9 mio sous forme d'attribution aux risques bancaires généraux. Les fonds propres se sont étoffés de plus de 3% sur un an à 225,6 mio CHF.

Compte tenu des incertitudes sur le plan géopolitique, cette attitude prudente demeurera d'actualité dans un futur proche. "Il n'y aura pas d'augmentation du dividende à moyen terme", a expliqué à AWP la présidente Christina Pamberg. La rémunération des actionnaires n'a plus évolué depuis 2013.

La BCJ a amélioré sa rentabilité au cours de l'exercice écoulé. Le résultat opérationnel s'est étoffé de 3% à 16,5 mio CHF, sur une base de comparaison prenant en compte les frais du projet de migration informatique intervenu en 2015. Sans cet effet unique, le résultat opérationnel enregistre un bond de plus d'un tiers (+36,8%).

EFFORTS DANS LA GESTION DE FORTUNE

Les recettes ont enflé de 2,3% à 44,4 mio CHF sous l'effet des opérations d'intérêts, principale source de revenus. Grâce à une hausse des créances hypothécaires, cette activité affiche une croissance de 3,1% à 30,1 mio.

Le produit issu des opérations de commissions et de prestations de services est resté stable (+0,2%) à 8,9 mio CHF. Les turbulences qui ont touché les marchés financiers et la faiblesse des rendements obligataires ont pesé sur la performance.

La gestion de fortune est toutefois appelée à gagner en importance à terme. La banque a engagé une personne dont la mission consiste à développer ce domaine, afin de générer une croissance notable d'ici trois ans. Fin 2016, la masse sous gestion atteignait 795 mio CHF, quasiment inchangée sur un an.

Les opérations de négoce ont permis d'engranger des revenus à hauteur de 4,2 mio CHF, en modeste repli de 0,9%. Les charges d'exploitation affichent une légère diminution (-0,9%), à 26,3 mio CHF.

Les taux négatifs ont coûté quelques milliers de francs suisses à la BCJ l'année dernière. Malgré tout, la banque jurassienne n'entend pas ponctionner les comptes d'épargne pour compenser le manque à gagner. Certains clients importants sont néanmoins soumis au régime du taux négatif, selon un plafond d'avoirs défini au cas par cas, pour les comptes présentant plusieurs millions.

ENTREPRENEURS MOROSES

Par ailleurs, l'échange automatique de renseignements en matière fiscale a nécessité un "gros boulot" et généré un coût avoisinant 100'000 CHF. La BCJ présente une proportion marquée de clients français, notamment frontaliers.

A l'actif du bilan, l'établissement continue d'étoffer ses créances hypothécaires, qui ont pris 3,1% à 2,08 mrd CHF. Le constat est inverse pour la clientèle entreprise, dont les crédits se sont repliés.

"Les entrepreneurs sont inquiets. Ils calment leurs investissements", a expliqué le directeur général (CEO) Bertrand Valley en conférence de presse à Delémont. Cette "morosité" touche notamment le secteur exportateur de la machine-outil, très présent dans l'Arc jurassien.

Du côté passif, les dépôts clientèle se sont étiolés de 1,6% à 1,78 mrd CHF. Le CEO a toutefois souligné que l'épargne n'est pas concernée par ce recul, au contraire.

"Malgré les taux bas, nos clients n'hésitent pas à épargner", affirme-t-il, mettant cette tendance sur le compte du manque de vision à court terme. "Plus que jamais, les incertitudes politiques risquent de peser encore cette année sur l'économie mondiale", a lancé Mme Pamberg.

L'assemblée générale du 27 avril devra notamment se prononcer sur la transformation de l'action au porteur BCJ en nominative. Récemment, les banques cantonales du Valais ou de Genève ont introduit une nominative unique dans leur capital-actions respectif.

La BCJ s'attend pour 2017 à une pression continue sur les marges d'intérêt, en raison de la persistance des taux négatifs. La direction s'attend néanmoins à améliorer son résultat.

Vers 13h45, l'action BCJ prenait 7,1% à 59,95 CHF, dans un volume de 200 titres échangés, supérieur à la moyenne journalière. Le SPI était stable (+0,03%).

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