Genève (awp) - Entre tassement cyclique, résilience de l'emploi, profitabilité des entreprises et normalisation de l'immobilier, la Banque cantonale de Genève (BCGE) avance des prévisions rassurantes jusqu'en 2024. En conférence de presse mardi au siège de l'établissement, la direction se dit poussée vers l'optimisme.

En Suisse, la croissance est attendue à 0,9% et l'inflation à 1,9% en 2023, puis respectivement à 1,2% et 1,3% en 2024. A Genève, les données sont identiques pour l'inflation et seule la croissance est affichée à 0,8% puis 1,3%, selon les dernières perspectives de la Banque cantonale de Genève (BCGE).

"Nous observons un tassement conjoncturel mais une résilience de l'économie suisse en dépit de l'inflation et grâce notamment aux investissements productifs des entreprises", explique Valérie Lemaigre, économiste en chef au sein de la BCGE. "Les perspectives sont aussi bonnes pour l'emploi grâce notamment aux forces structurelles et à la sortie des baby-boomers du marché du travail."

Pour Genève, le canton continue d'attirer mais subit son exposition au commerce international, explique l'établissement bancaire en citant les secteurs porteurs et en innovation constante tels que la pharma ou l'horlogerie. "Nous sommes en plein phase de décélération avec une tension qui s'allège sur les prix des transports par exemple."

"On réalise que la plupart des pressions dans les Services sont liées à la restauration ou à la santé dont les prix finaux ne peuvent pas forcement être ajustés car les particuliers ne voudront plus consommer au même rythme qu'ils le font aujourd'hui", prévient la BCGE.

A la question de l'action des autorités sur l'absorbation des investissements, "la Suisse est beaucoup plus saine que ses voisins européens", affirment les représentants de la banque. "La dette augmente depuis 2020 mais elle a permis de générer des revenus."

Au sujet des banques centrales, "aujourd'hui les taux d'intérêts sont proches des niveaux maximaux et opèrent une normalisation. Aussi, les valorisations sur les marchés boursiers ont été suffisamment sous pression et ajustées aux taux d'intérêts," note Mme Lemaigre qui rappelle que la Banque centrale européenne (BCE) continue d'augmenter son taux directeur alors que la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) a ralenti le rythme suivi probablement par la Banque nationale suisse (BNS).

 Normalisation de l'immobilier

Après la progression enregistrée en 2020-2021 et les taux hypothécaires atteignant des planchers historiques, les prix de l'immobilier semblent se tasser progressivement, avance le groupe bancaire.

"L'immobilier commercial est soutenu par l'emploi. Pourtant, l'implantation du télétravail n'a pas produit d'espaces excédentaires. Au contraire, notamment dans les "primes" (centre urbain), la croissance de l'emploi nécessite des postes de travail", note Mme Lemaigre.

Côté résidentiel, le taux de vacance est toujours très bas malgré la création de logements, car l'attractivité du pays persiste et le nombre de nouvelles constructions stagne. L'immigration de haute qualification reste bonne et bien orientée, détaillent les prévisions.

Pour la construction, le secteur a été confronté à des hausses de prix en 2021-2022 lié aux sources énergétiques, rappelle Mme Lemaigre en soulignant la prudence des investisseurs car les taux d'intérêt se sont fortement redressés face à l'inflation.

"Au delà d'un immobilier commercial ou résidentiel, des investissements d'infrastructures sont nécessaires à tous les niveaux car les transitions (démographique, énergétique, digitale) nécessitent une coordination des entreprises et des autorités pour rendre les innovations productives et donc créer de la croissance et des revenus", étaie l'économiste en chef.

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