(Précise au § 6 qu'il s'agit d'uranium appauvri)

PARIS, 19 juillet (Reuters) - Une enquête a été ouverte sur le sabotage d'une voie ayant provoqué le déraillement d'une locomotive près de Limoges (Haute-Vienne) le même jour que celui de Brétigny-sur-Orge (Essonne), a-t-on appris vendredi auprès de la SNCF.

La compagnie de chemin de fer, deux de ses agents qui se trouvaient à bord de la motrice, ainsi que le spécialiste public du nucléaire Areva ont porté plainte et une enquête a été confiée à la gendarmerie.

"Nous avons porté plainte contre X. C'est un acte inacceptable que rien ne peut justifier", a déclaré Jérôme Rosso, du service de presse d'Areva.

Selon une source proche de la SNCF, aucun rapprochement n'est fait à ce stade entre les deux accidents survenus le 12 juillet même si une éclisse, pièce servant à relier deux rails, est en cause dans les deux cas.

L'acte de sabotage semble avéré en Haute-Vienne. Un mystérieux groupe antinucléaire l'a revendiqué dans un courrier électronique envoyé au quotidien Le Populaire du Centre.

Il a été commis près de Bessines-sur-Gartempe, sur une petite voie dédiée exclusivement à l'entreprise Areva pour le transport, vers un site d'entreposage, d'uranium appauvri en provenance de l'usine de Pierrelatte.

En début de matinée, le convoi est sorti de ses rails et a parcouru plus de cent mètres sans se coucher. Les deux agents de la SNCF à bord n'ont pas été blessés.

Selon Le Populaire du Centre, l'accident a été provoqué par le retrait de l'éclisse, pièce métallique de 10 kilos. Le rail a été en outre soulevé et les traverses sont sorties.

A Brétigny-sur-Orge, où le Paris-Limoges-Toulouse a déraillé en fin d'après-midi, enquêteurs et experts cherchent à comprendre comment les boulons qui tenaient l'éclisse ont pu se dévisser ou se casser au même moment.

Certains syndicats de cheminots n'écartent aucune piste, y compris un acte de malveillance, mais d'autres sont sceptiques.

"Il est impossible d'enlever ces boulons sans être vu, il y a un poste d'aiguillage juste en face. Il y a toujours quelqu'un à l'intérieur", dit André Fermis, un des responsables de la CFDT Cheminots. Il souligne qu'il faut "vraiment s'y connaître" pour pouvoir enlever ces boulons. "Pour moi, ces boulons ont cédé, ils n'ont pas été enlevés".

Interrogé par Le Figaro.fr, Roger Dillenseger, du syndicat Unsa, juge peu vraisemblable la thèse de la malveillance même si le fait que tous les boulons cèdent au même moment "est un point inquiétant".

"La vraie question, c'est de comprendre comment cette pièce a pu se retrouver dans le coeur de l'aiguillage", dit-il. (Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)