(Répétition sans changement de l'interview transmise mardi après Bourse)

* François Hollande veut appliquer les mesures "essentielles" de l'accord

* Plus de fonds seraient demandés pour les renouvelables

* Un accord entre EDF et la Chine devra être revu - Porte-parole

par Benjamin Mallet et Muriel Boselli

PARIS, 17 janvier (Reuters) - François Hollande s'engage à ne fermer que la centrale nucléaire de Fessenheim (Bas-Rhin) au cours du prochain quinquennat s'il est élu président de la République en mai, a déclaré à Reuters Bernard Cazeneuve, l'un des quatre porte-parole du candidat socialiste à l'élection présidentielle.

Ces déclarations interviennent alors que François Hollande avait déjà fait savoir fin novembre qu'il n'appliquerait que les mesures "essentielles" de l'accord électoral difficilement conclu entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui prévoit la fermeture de 24 des 58 réacteurs français d'ici à 2025. (voir )

Dans un texte publié dans le quotidien Le Monde fin novembre, le candidat socialiste a ensuite rappelé qu'il souhaitait réduire à l'horizon 2025 la part du nucléaire dans la production d'électricité française, de 75% à 50%, mais qu'il ne s'engageait que sur l'arrêt de la centrale alsacienne de Fessenheim.

"Conformément à la tribune publiée par François Hollande dans Le Monde, seule la fermeture de Fessenheim est prévue", a déclaré Bernard Cazeneuve, par ailleurs député-maire de Cherbourg (Manche).

"François Hollande a dit qu'il prendrait dans cet accord (PS-EELV) ce qui lui paraissait, à lui futur président de la République potentiel, comme devant relever des priorités de son programme(...). Nous sommes dans une élection présidentielle : c'est par conséquent le programme du président de la République qui prévaut, dans l'engagement et le dialogue qu'il organise avec le peuple français", a-t-il ajouté.

"ETAT STRATÈGE"

Arnaud Montebourg, le "troisième homme" de la primaire socialiste, a de son côté fait savoir jeudi sur France 3 Bourgogne qu'il refusait d'appliquer l'accord entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts lors des législatives du printemps en France.

Standard & Poor's a pour sa part prévenu, fin novembre, que le volet nucléaire de l'accord électoral entre écologistes et socialistes français pourrait, s'il était appliqué, avoir des conséquences négatives sur les notes d'EDF et d'Areva .

Bernard Cazeneuve a en outre déclaré que François Hollande, s'il devenait président de la République, pourrait demander aux industriels du nucléaire de consacrer davantage de fonds au développement des énergies renouvelables qu'ils ne le font actuellement.

"Nous souhaitons un Etat qui prenne des décisions stratégiques pour développer les filières industrielles (dans les énergies renouvelables). Les entreprises nucléaires qui ont accumulé de la richesse peuvent en affecter une partie à des activités qui, demain, créeront elles-mêmes de la richesse", a-t-il dit.

"Il y a aujourd'hui des moyens dans l'industrie électronucléaire qui, d'ores et déjà, sont investis dans les énergies renouvelables et qui peuvent l'être davantage demain si l'Etat stratège le décide."

"DÉSHABILLAGE"

Prié de dire si cette ambition pourrait passer par une taxe sur le nucléaire pour développer les renouvelables, le porte-parole de François Hollande a ajouté : "On verra, les objectifs sont ceux-ci, les modalités techniques appartiennent au gouvernement."

Toujours selon Bernard Cazeneuve, François Hollande pourrait en outre, s'il est élu, demander à EDF de revoir son projet de partenariat avec la Chine, annoncé en février 2011, prévoyant le développement en commun d'un réacteur de moyenne puissance qui entrerait de fait en concurrence avec le modèle Atmea conçu par Areva.

"Par cet accord, on transfère massivement de la technologie en allant jusqu'à envisager qu'on puisse, avec les Chinois, aller faire concurrence en France à ce que sont les activités qui relèvent du coeur de métier d'Areva", a-t-il dit.

"Il faudra dans tous les cas revoir ces éléments là. On ne va quand même pas continuer à accompagner (...) le déshabillage et le démantèlement des champions industriels français." (Edité par Pascale Denis)

Valeurs citées dans l'article : AREVA, EDF