NIAMEY, 12 octobre (Reuters) - Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi dans la ville minière d'Arlit, dans le nord du Niger, pour protester contre la compagnie française Areva, qui exploite les gisements d'uranium de la région, et appuyer le gouvernement dans la renégociation des contrats d'extraction.

"Nous voulons montrer à Areva que nous en avons assez et nous exprimons notre soutien à notre gouvernement pour les négociations sur le renouvellement du contrat (d'extraction)", a déclaré Azaoua Mamane, un porte-parole de la société civile d'Arlit, à une radio nigérienne.

Les conventions de dix ans définissant les conditions d'extraction de l'uranium arrivent à échéance à la fin de l'année et le gouvernement nigérien espère obtenir une forte revalorisation des recettes qu'il en tire ainsi que des investissements accrus d'Areva dans le pays.

Niamey veut notamment que le groupe public français rénove la "route de l'uranium" entre Tahoua et Arlit, à plus de 1.000 km au nord de la capitale du Niger.

Areva, présent depuis quarante ans au Niger, exploite l'uranium du nord du Niger via deux coentreprises avec l'Etat nigérien, Cominak et Somaïr, pour une production annuelle de l'ordre de 4.500 tonnes.

Mais les habitants d'Arlit déplorent les faibles bénéfices qu'ils retirent des activités d'Areva. "Nous n'avons pas assez d'eau potable alors que cette compagnie utilise chaque année gratuitement 20 millions de mètres cubes d'eau. Le gouvernement doit négocier un partenariat gagnant-gagnant", a ajouté Azaoua Mamane.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de la direction d'Areva, au Niger ou à Paris.

Un audit en cours servira de base pour la renégociation des conventions d'exploitation de l'uranium.

"Nous respectons Areva comme partenaire stratégique mais nous voulons un partenariat équilibré", a déclaré le ministre nigérien des Mines, Omar Hamidou Tchiana, dans une interview accordée le mois dernier à Reuters. (voir )

Les recettes tirées de l'uranium n'ont représenté l'an dernier qu'environ 5% du budget du Niger. "Nous pensons que 20% doit être un minimum", a dit Omar Hamidou Tchiana. "Les ressources naturelles doivent servir les intérêts de notre pays." (Abdoulaye Massalatchi avec Sybille de La Hamaide à Paris; Marc Angrand et Henri-Pierre André pour le service français)