(Actualisation: commentaires du directeur financier Harald Wilhelm, précisions sur le contexte réglementaire, mise à jour du cours de Bourse alors que le titre a touché un plus historique en séance.)

PARIS/LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Le groupe européen d'aéronautique et de défense Airbus Group (>> Airbus SE) a confirmé mardi ses objectifs annuels malgré le retard pris dans la production de l'A320neo en raison des difficultés de certains de ses fournisseurs motoristes.

Le groupe, qui fait actuellement l'objet d'enquêtes en Europe sur des faits présumés de corruption, a également indiqué qu'il avait informé les autorités américaines de certaines "inexactitudes" dans des déclarations faites à leur administration concernant des exportations d'équipements.

"Airbus collabore avec les autorités américaines", a précisé le groupe dans un communiqué. "Airbus n'est pas en mesure d'estimer actuellement le temps qu'il pourrait falloir pour résoudre cette affaire ou le montant de la perte potentielle, éventuelle amende ou décision du gouvernement, qui pourrait en résulter", a également indiqué le groupe.

Cette affaire résulte d'un défaut d'information adéquate à l'égard des autorités américaines concernant le recours à des commerciaux extérieurs, qui aident à boucler des transactions sur des services et des équipements de défense, a déclaré à la presse le directeur financier d'Airbus, Harald Wilhelm.

Airbus a d'abord avisé les autorités américaines d'un problème potentiel fin 2016, a précisé le responsable. Des vérifications plus poussées ont ensuite été menées, et en juillet, le groupe a officiellement informé les autorités d'une infraction des règles en vigueur. Les faits concernent la conformité à la section 130 de la réglementation américaine sur le commerce des armes ITAR (International Traffic in Arms Regulations) dédiée aux frais, commissions et contributions politiques impliqués dans l'exportation d'équipements militaires.

Airbus n'a pas fait de projections sur son exposition financière ou légale éventuelle. Le groupe est en discussions à la fois avec le département d'Etat, ce qui pourrait conduire à une enquête au civil, et le département de la Justice, avec le risque d'une enquête au pénal.

Airbus n'a pas divulgué de secrets militaires, a assuré Harald Wilhelm, ajoutant que les autorités américaines continuaient d'accorder des licences d'exportation. "Nous poursuivons nos activités comme d'ordinaire", a affirmé le responsable.

Le fait de ne pas aviser les pouvoirs publics du recours à des intermédiaires est un problème récurrent chez Airbus. Au Royaume-Uni, le Serious Fraud Office (SFO), l'agence de lutte contre la corruption, enquête également sur Airbus pour des manquements comparables, en plus d'un cas potentiel distinct de corruption. La France enquête aussi sur l'utilisation de tels intermédiaires. L'accès du constructeur au crédit-export a temporairement été suspendu au Royaume-Uni et en France.

L'Allemagne se penche par ailleurs sur une corruption potentielle chez Airbus. Et l'Autriche, de son côté, a accusé Airbus de surfacturation dans la vente d'avions militaires à l'Etat voilà plus d'une décennie. Airbus avait indiqué à cet égard coopérer pleinement avec les autorités.

Cette annonce réglementaire intervient alors que le constructeur, numéro deux mondial en termes de livraisons après Boeing (>> Boeing Company (The)), a fait part d'une baisse de 4% de son résultat opérationnel ajusté, à 697 millions d'euros au troisième trimestre, contre 729 millions d'euros un an plus tôt. Son chiffre d'affaires a pour sa part progressé de 2%, à 14,24 milliards d'euros.

Sur la période, Airbus a dégagé un bénéfice net de 348 millions d'euros, contre 50 millions un an plus tôt, malgré l'enregistrement d'une nouvelle charge de 80 millions d'euros sur son programme d'avion militaire A400M. Le résultat net du troisième trimestre 2016 avait été pénalisé par des effets de change défavorables et par une plus forte imposition.

Objectifs maintenus

"Nous confirmons nos perspectives bien que notre programme de livraisons soit extrêmement concentré sur la fin de l'année, en raison principalement des problèmes bien connus de moteurs affectant notre gamme A320neo", a néanmoins déclaré le groupe dans un communiqué.

L'industriel européen maintient ainsi son ambition de livrer plus de 700 appareils cette année, contre 454 à la fin du troisième trimestre, sous réserve de la capacité de ses motoristes à remplir leurs obligations, et de dégager un free cash-flow équivalent à celui de l'année dernière avant fusions et acquisitions et financement des clients. A titre de comparaison, Boeing prévoit de livrer de 760 à 765 avions cette année.

Airbus a précisé toutefois que les livraisons d'A320neo seraient "légèrement" inférieures à l'objectif des 200 cette année. Moins d'appareils neufs devraient être livrés à la clientèle, en partie parce que certains moteurs fabriqués par United Technologies (>> United Technologies Corporation) sont utilisés comme pièces de rechange pour permettre aux avions déjà livrés de continuer à voler.

Le groupe continue de viser une progression d'environ 5% ("mid-single-digit") de son résultat opérationnel ajusté et de son bénéfice par action ajusté cette année.

"Nous avons beaucoup de pain sur la planche au quatrième trimestre", a conclu le directeur financier. "Nous savons quoi faire".

Mardi vers 12h20, l'action Airbus gagnait 4%, à 88,56 euros, touchant un plus haut historique en séance.

-Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones, et Robert Wall, Dow Jones Newswires

(Version française Céline Fabre) ed : LBO - ECH

COMMUNIQUES FINANCIERS D'AIRBUS :

http://www.airbusgroup.com/int/en/news-media/press-release-search.html