La deuxième compagnie aérienne européenne en termes de chiffre d'affaires avait provoqué un électrochoc au sein de sa direction en octobre dernier avec l'éviction surprise de Pierre-Henri Gourgeon de la direction générale et la reprise en main du groupe par son président Jean-Cyril Spinetta, redevenu PDG.

Le groupe a présenté des économies d'urgence d'un milliard d'euros sur trois ans, par le biais du gel des augmentations générales des salaires en 2012 et en 2013 chez Air France et une modération salariale chez KLM, tout en poursuivant le gel des embauches mis en place en septembre dernier.

Air France-KLM, qui emploie 105.000 personnes, présentera également en juin un plan de transformation dont l'objectif est de générer une hausse supplémentaire d'un milliard d'euros de sa capacité d'autofinancement sur trois ans.

Les deux phases du plan, dont les deux tiers concernent la compagnie Air France, devraient permettre au groupe de réduire sa dette de deux milliards d'euros d'ici fin décembre 2014 pour la ramener aux environs de 4,5 milliards, avec un ratio nette dette/Ebitda inférieur à 2 contre 4,5 au 30 septembre 2011.

"L'objectif tout simple est dans une situation économique difficile de restaurer de manière structurelle la rentabilité du groupe Air France-KLM et (...) de retrouver en termes de stratégie une ambition réaliste pour les prochaines années", a déclaré le PDG Jean-Cyril Spinetta, lors d'un point presse.

Air France-KLM supporte des coûts de personnels plus élevés que ses deux principales concurrentes, l'allemande Lufthansa et IAG, fusion de British Airways et Iberia.

"On est en colère parce qu'on a qu'un plan destiné à réduire les coûts alors qu'on attendait autre chose", a déclaré à Reuters David Ricatte, responsable de la communication de la CGT, le premier syndicat d'Air France, pointant l'absence de grandes orientations stratégiques.

RÉDUCTION DES INVESTISSEMENTS

Le groupe ramènera également ses investissements de plus de six milliards d'euros sur la période 2009-2011 à un maximum de 4,8 milliards sur les trois prochaines années, conduisant au report de la livraison de trois A320 d'Airbus, qui devaient être livrés cette année et de deux très gros porteurs A380 prévus pour 2014.

La compagnie a également reporté la livraison d'un B777 de Boeing, annulé deux options supplémentaires et renoncé pour l'instant à remplacer ses plus anciens A320 comme elle l'avait envisagée.

La signature du contrat d'acquisition de 25 A350 à Airbus, dans le cadre d'une méga-commande passée en septembre, devrait intervenir d'ici quelques semaines, ont précisé les dirigeants du groupe. Air France-KLM a annoncé mardi la signature du contrat d'acquisition de 25 B787-9 à Boeing, assorti d'une option pour autant d'appareils, précisant que les discussions se poursuivaient avec Airbus sur la commande de 25 A350.

Sur les trois années qui viennent, le groupe a précisé qu'il n'augmenterait son offre cumulée que d'un peu plus de 5%.

Le directeur financier Philippe Calavia n'a pas exclu que le groupe, qui avait prévu en novembre dernier une perte opérationnelle pour 2011, revienne à l'équilibre dès cette année, en fonction de la conjoncture.

Air France-KLM, qui vise un retour à l'équilibre sur le seul moyen-courrier en trois ans après une perte estimée à près de 700 millions d'euros en 2011, ouvrira début avril deux nouvelles bases de province à Toulouse et à Nice, après celle démarrée début octobre à Marseille, dans le but de regagner des parts de marché sur les compagnies "low cost" et de réduire ses coûts.

Alexandre de Juniac, nommé à la mi-novembre au poste de directeur général d'Air France, s'est dit satisfait des performances des trois premiers mois de la base de province de Marseille.

"Les réservations et les taux de remplissage actuels sont conformes au plan et pour l'été, ils sont plutôt meilleurs que ce que nous avions anticipé", a-t-il dit.

EasyJet compte également ouvre l'été prochain deux nouvelles bases à Toulouse et à Nice -après celles d'Orly, Roissy et Lyon- une réplique frontale au plan d'Air France.

La compagnie aérienne à bas coûts britannique, qui revendique la deuxième place dans l'Hexagone derrière Air France avec plus de 10% du marché, voit encore un potentiel de croissance important en France, où la pénétration des "low cost" est inférieure de moitié à la moyenne européenne, avait dit en décembre à Reuters son directeur général pour la France, François Bacchetta.

L'action Air France-KLM a clôturé en hausse de 7,46% à 28,31 euros jeudi, donnant une capitalisation de 1,3 milliard. Elle a plongé de 71% en 2011, sous-performant largement ses principales concurrentes européennes.

Avec Benjamin Mallet, édité par Dominique Rodriguez et Catherine Monin

par Cyril Altmeyer