La deuxième compagnie aérienne européenne, à nouveau en perte au premier trimestre, mène actuellement des discussions parallèles avec les syndicats d'Air France et de KLM destinées à aboutir fin juin à la signature de nouveaux accords collectifs.

Cette phase du plan "Transform 2015" présenté en janvier, est particulièrement cruciale, Air France-KLM affichant des coûts du personnel plus élevés que ses deux principaux concurrents, Lufthansa - qui a annoncé jeudi 3.500 suppressions de postes - et IAG (British Airways-Iberia).

"Nous avons besoin d'une hausse de la productivité et de la flexibilité pour nous adapter (...) au changement de l'activité et à la saisonnalité, c'est donc une nécessité absolue pour nous et nous ne baisserons pas la garde, en tous cas personnellement je ne le ferai pas", a martelé le directeur financier Philippe Calavia, lors d'une conférence téléphonique.

"Il y a trop en jeu pour le groupe", a-t-il ajouté, se disant confiant dans sa capacité à en convaincre la nouvelle équipe au pouvoir en France après l'élection de dimanche.

L'Etat français détient 15,8% d'Air France-KLM.

Pour la seule compagnie Air France, la plus en difficulté des deux, le groupe prévoit de réduire de 20% les coûts dont elle a la maîtrise, notamment liés au personnel, afin de revenir en 2014 à des résultats à l'équilibre.

David Ricatte, responsable de la communication de la CGT, le premier syndicat d'Air France, s'est refusé à tout commentaire sur les déclarations de Philippe Calavia, mais a dit regretter l'absence de vrai projet de la part du groupe.

"Air France se cherche un modèle et ce modèle ne peut pas s'appeler juste 'austérité pour les salariés'", a-t-il argué, ajoutant toujours attendre un audit sur l'endettement du groupe.

La dette nette, qu'Air France-KLM compte ramener à 4,5 milliards d'euros fin 2014, s'établissait à 6,43 milliards d'euros fin mars, mais avec un ratio d'endettement de 1,12 (contre 1,07 au 31 décembre).

"A la fin du premier semestre, nous ne devrions pas avoir trop de difficultés à respecter nos 'covenants'", a dit Philippe Calavia, faisant référence aux conditions liées à ses crédits bancaires.

S'il n'y parvenait pas en totalité, le groupe n'aurait pas pour autant à renégocier ses lignes de crédit, a-t-il ajouté.

Le groupe, qui a une nouvelle fois exclu toute augmentation de capital, fait état d'une trésorerie de 2,86 milliards fin mars, avec 1,85 milliard de lignes de crédit disponibles.

DES PERTES MAIS UN CA EN HAUSSE

Air France-KLM a confirmé ses objectifs de stabiliser sa dette nette à 6,5 milliards d'euros et de réduire son coût unitaire à change et prix du carburant constants cette année.

Mais le groupe doit désormais faire face à la flambée des prix du pétrole qui alourdira de 1,1 milliard d'euros sa facture en kérosène cette année.

Au premier trimestre, Air France-KLM a accusé une perte opérationnelle courante de 597 millions, supérieure à celle de 403 millions accusée un an plus tôt, tandis que sa perte nette part du groupe est restée quasi-stable à 368 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires trimestriel augmente de 6,0% à 5.645 millions, avec une hausse de 5,6% de sa recette unitaire au siège kilomètre offert, mesure phare de la performance des compagnies, grâce notamment au trafic long-courrier.

Les analystes attendaient en moyenne un chiffre d'affaires de 5.553 millions d'euros, une perte opérationnelle de 560 millions et une perte nette de 409 millions, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

"Le premier trimestre a été assez difficile et pourrait dans une certaine mesure paraître décevant, mais nous avions anticipé cette performance qui est en ligne avec notre plan de marche pour cette année", a expliqué Philippe Calavia.

L'action réagit peu, cédant 0,1% à 3,504 euros vers 12h25, soit une capitalisation de 1,05 milliard. Elle a perdu 12% depuis le début de l'année, après avoir chuté de 71% en 2011.

Edité par Gwénaëlle Barzic

par Cyril Altmeyer et Tim Hepher