Les investissements dans l'infrastructure offrent un rendement supérieur à celui des obligations traditionnelles, en raison d'une liquidité plus réduite. Du pain bénit pour un investisseur à long terme comme Ageas.

Les dernières années ne se sont pas révélées propices à ceux qui investissent dans des produits à revenu fixe de qualité. C'est pourquoi les investisseurs institutionnels tels que les assureurs recherchent d'autres manières d'obtenir un rendement suffisant sur leur portefeuille d'investissements à long terme. Les actions incarnent certes une option logique, mais les nouvelles règles en matière de fonds propres imposées aux assureurs (Solvency II) les assortissent d'un coût élevé. Dans la pratique, les assureurs doivent détenir 40 euros de capitaux à chaque fois qu'ils investissent 100 euros en actions.

'Contentons-nous de dire que la réglementation n'est pas très constructive pour ce qui concerne les actions', commente Wim Vermeir, Chief Investment Officer chez Ageas. 'Lorsque les nouvelles règles comptables IFRS 9 entreront en vigueur, nous devrons en outre reprendre immédiatement chaque fluctuation du marché dans notre compte de résultats. On trouve actuellement 4% d'actions dans notre portefeuille, soit environ 3 milliards d'euros. Au vu des fortes fluctuations boursières de ces derniers mois, cela peut aisément représenter un gain ou une perte de 300 millions chaque trimestre. Or, nous préférons éviter les fortes fluctuations de nos résultats.'

La réglementation est plus favorable aux obligations d'État qu'aux actions, puisqu'elles n'imposent aucune contrainte en termes de fonds propres, même si elles n'offrent actuellement qu'un taux très bas. 'De plus, nous tenons compte du risque sous-jacent', ajoute Wim Vermeir. 'Ce n'est pas parce que Solvency II affirme que les titres publics ne recèlent aucun risque que c'est notre opinion. Vous devez vraiment être certain de la solvabilité d'une obligation italienne à 30 ans si vous désirez l'utiliser pour couvrir un engagement de pension sur cette même période.'

Investissements lucratifs

L'essentiel du portefeuille de placements d'Ageas se compose de produits à revenu fixe très liquides. Une liquidité qui se paie par un rendement relativement réduit. L'assureur assaisonne par conséquent son portefeuille de placements plus lucratifs.

Une partie d'entre eux est liée à la niche de l'infrastructure. L'une des initiatives les plus notables dans ce domaine est le programme de construction d'écoles 'Scholen van Morgen', qui compte 165 projets de construction ou de rénovation de quelque 200 bâtiments d'ici à 2017. Il s'agit d'un partenariat public-privé avec la Région flamande. Cette dernière versera à Ageas une indemnité pour la construction, l'entretien et le financement des bâtiments pendant 30 ans, après quoi elle deviendra propriétaire des bâtiments scolaires. 'Ce type de projet s'inscrit dans la quête d'Ageas de placements défensifs, stables, assortis de cash-flows réguliers, d'un horizon très long et d'une prime d'illiquidité', précise Wim Vermeir.

La plupart des investissements dans l'infrastructure empruntent néanmoins la voie de prêts accordés par Ageas pour la construction de prisons et d'autoroutes, par exemple. Ces produits assez complexes présentent plusieurs avantages, analyse le stratégiste. 'Ils permettent d'obtenir un rendement supérieur de 1 à 2 points à celui des obligations traditionnelles.' Wim Vermeir souligne que le risque n'est pas nécessairement plus
élevé. 'Le surcroît de rendement est une compensation pour le fait que ces titres ne sont pas aussi aisément
négociables. Mais pour un investisseur à long terme comme nous, cette liquidité n'est pas indispensable. Nos produits à revenus fixes doivent surtout être sûrs, afin que nous puissions les conserver jusqu'à l'échéance.'

Ageas n'est naturellement pas un investisseur comme les autres. Pour un particulier, il est souvent impossible d'investir dans des projets d'infrastructure. 'Dans les crédits destinés à financer ces travaux, il existe une plage idéale entre 50 et 200 millions d'euros', chiffre Wim Vermeir. 'Souvent, l'émetteur s'adresse uniquement aux acteurs institutionnels, par exemple via un placement privé. Vu les coûts à engager, il ne vaut pas la peine de s'adresser au grand public pour ce type de financement.'

Risque de financement

Autre voie suivie par Ageas pour investir dans l'immobilier: les prêts hypothécaires. Dans leur forme 'reconditionnée', ceux-ci n'ont pourtant pas la meilleure réputation depuis la crise des subprimes en 2008. 'Lorsque nous achetons ces types de crédits, nous les intégrons directement au bilan, sans passer par toutes sortes de structures', indique Wim Vermeir. 'De cette manière, nous savons toujours ce que nous avons en main. L'avantage des crédits hypothécaires? Ils procurent un rendement environ un point plus élevé que les obligations d'entreprises, pour un risque de crédit identique.'

Les crédits hypothécaires souffrent cependant d'une faiblesse majeur, nuance le CIO: 'Si les preneurs d'hypothèques refinancent leur emprunt pour profiter d'un recul des taux, comme cela fut massivement le cas ces 18 derniers mois en Belgique, le rendement baisse. Ce risque de refinancement s'oppose à notre objectif de rendement aussi stable que possible. Les crédits hypothécaires sont adaptés à notre portefeuille, mais seulement pour une partie réduite de celui-ci. Actuellement, ils représentent quelque 1,5 milliard d'euros au niveau de nos actifs.'

Enfin, Ageas a investi plus de 1,7 milliard d'euros en crédits pour des projets de logements sociaux. Ce sont des
prêts contractés par des institutions qui construisent des logements sociaux ou financent des prêts sociaux.
'Cette formule existe dans plusieurs pays européens, l'État se portant traditionnellement garant', conclut Wim Vermeir. 'Ces prêts sont assortis de rendements pouvant dépasser de 40 à 100 points de base ceux des obligations publiques des pays correspondants. Non parce qu'ils présentent un risque plus élevé - en raison de la garantie, ils sont aussi sûrs que les obligations d'État - mais parce qu'ils sont beaucoup moins liquides.'

Collaborer avec les banques: une relation gagnant-gagnant

Ageas collabore de plus en plus avec la banque d'investissement française Natixis pour ses investissements dans des crédits liés à l'infrastructure. 'Contrairement à nous, les banques disposent des réseaux et connaissances nécessaires pour structurer une transaction', observe Wim Vermeir, CIO d'Ageas. 'Par ailleurs, les directives de Bâle III obligent les banques à aligner leurs prêts sur les financements qu'elles
reçoivent de leurs clients. Puisque ces derniers sont souvent constitués de dépôts à court terme, elles ne peuvent détenir trop de crédits à long terme. C'est alors que nous intervenons, avec notre horizon de long terme en tête.'

Natixis sélectionne les projets d'infrastructure en tenant compte du risque qu'Ageas veut prendre pour une échéance donnée. 'En les cofinançant, nous sommes tous les deux gagnants. Natixis est rémunérée pour la structuration de la transaction, alors qu'elle ne doit pas la prendre entièrement à son bilan; de notre côté, nous pouvons profiter de son expérience.'

Pour Ageas, il est important que Natixis assume également une partie du risque, ajoute Wim Vermeir. 'Cela crédibilise son assertion selon laquelle il s'agit d'un investissement intéressant. Car si cela s'avère ne pas être le cas, elle est également perdante.'

Répartition du portefeuille de placements d'Ageas (fin septembre 2015)

  • 3% Liquidités
  • 5% Actions
  • 6% Immobilier
  • 9% Crédits
  • 77% Obligations

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