Alphavalue - Le nouveau gouvernement français considérera-t-il ADP, l’exploitant des concessions des aéroports parisiens, comme un sujet prioritaire ? C’est peu probable car, bien qu’il possède 52% (8% à travers la Caisse des Dépôts) d'ADP, cela ne représente qu’environ 5-6% des actifs cotés détenus par l’État Français. Les 10 000 employés d’ADP sont bien payés, comme on peut s’y attendre pour toute position de monopole et feront probablement moins de bruit que le personnel 10 fois plus nombreux d’Air France-KLM, qui peut maintenant espérer qu’un leader socialiste aidera à reporter de bien nécessaires ajustement dans les effectifs.
ADP est passée en mode « récolte », au détriment de ses clients que sont les compagnies aériennes et Air France-KLM en particulier. En dépit du contexte difficile pour les compagnies aériennes en 2011, ADP a réussi à augmenter ses droits aéroportuaires d’environ 5%. La pression sur les compagnies aériennes est telle qu’ADP semble prête à retarder certaines de ses augmentations de tarifs régulés initialement prévues pour 2012 dans le cadre de l’ajustement de tarifs 2011-2015. L’augmentation des tarifs régulés est de +1,4% par an au cours de la période réglementaire de 5 ans (jusqu’en 2015), à laquelle il faut ajouter l’inflation plus 1% supplémentaire par an. ADP semble donc en mesure d’obtenir un rendement plutôt décent sur ses lourdes dépenses d’investissement (2006-2010). Pratiquement ADP est aussi devenue de facto un acteur de la distribution puisque cette activité représente un tiers du total des revenus et plus de 60% de son EBIT.

Les activités de distribution ne font plus partie des activités régulées de sorte qu’il n’y a pas de limite sur la capacité d’ADP à tirer profit des dépenses des voyageurs en perdition dans ses espaces. Les activités de gestion et de développement immobilier répondent à peu près à une logique similaire avec un énorme potentiel.
Avec un business model aussi solide, évidemment in fine dépendant du nombre de voyageurs, mais bien protégé contre les retournements de cycle comme l’a monté la résistance au cours du ralentissement de 2008-2009, la véritable surprise a été l’ampleur de la correction du cours dans la crise de l’Euro du S2 2011 quand il a perdu 20%.

Une grosse partie du terrain perdu a été repris et il reste un potentiel de hausse de 16%, principalement tiré par son DCF (44% de potentiel). Un ANR pas trop agressif indique également un potentiel de 17% et par rapport à ses pairs exploitants de concessions le groupe est bon marché (pas du point du vue du rendement). ADP n’est certainement pas la toute dernière histoire de croissance mais elle semble capable de surfer sur un exceptionnel monopole sans problème visible à moyen terme.