MUNICH (Reuters) - Les banques immobilières allemandes luttent contre l'augmentation des défauts de paiement et se préparent à une période de vaches maigres plus longue.

La crise sur les marchés immobiliers sera "plus aiguë et plus longue" que prévu en début d'année en raison de la hausse des taux d'intérêt et de la faiblesse de l'économie, a déclaré jeudi la Deutsche Pfandbriefbank (pbb) à Garching, près de Munich. La recherche d'un nouvel équilibre des prix sur le marché immobilier allemand se poursuit", a déclaré le directeur général de l'Association des banques allemandes de lettres de gage (vdp), Jens Tolckmitt. Les prix, en particulier ceux des bureaux et des commerces, ont continué à baisser au deuxième trimestre, même si ce n'est pas aussi rapidement qu'au début de l'année.

Les prix de l'immobilier commercial, en particulier, continueront à baisser jusqu'au milieu de l'année prochaine, a déclaré M. Tolckmitt. En un an, ils ont chuté de plus de 10 %, et de plus de 5 % pour l'immobilier résidentiel. Une stabilisation des taux d'emprunt se dessine néanmoins, a expliqué l'association. "La hausse extraordinairement dynamique des taux semble en tout cas terminée".

La pbb a expliqué : "Une reprise visible n'est attendue que lorsque les coûts de financement se consolideront durablement, que l'inflation continuera à baisser, que les effets du home office seront prévisibles et que les tensions entre le commerce en ligne et le commerce de détail s'apaiseront". L'organisme de financement immobilier a freiné les nouvelles affaires : cette année, les nouveaux contrats et les renouvellements ne devraient plus représenter que 6,5 à 8,0 milliards d'euros (9,0 en 2022). Jusqu'à présent, il avait prévu neuf à dix milliards. Mais jusqu'à fin juin, les nouvelles affaires sont restées bien en deçà des prévisions, avec 2,5 (4,3) milliards d'euros. Chez sa rivale Aareal Bank, basée à Wiesbaden, les nouvelles affaires ont repris au deuxième trimestre, mais elles étaient également inférieures à l'année précédente, à 4,1 (5,2) milliards d'euros à la fin juin.

L'augmentation des provisions pour créances douteuses pèse sur les bénéfices des deux géants du secteur. Aareal Bank a enregistré au premier semestre des provisions de 160 (107) millions d'euros, dont 35 millions pour le retrait de Russie. En outre, ce sont surtout des crédits pour l'immobilier de bureau américain qui ont fait défaut. Le budget annuel pour la réduction forcée des crédits instables a déjà été utilisé au deuxième trimestre. Chez pbb, 31 crédits d'un volume de 1,1 milliard d'euros sont désormais considérés comme douteux (non-performing). Elle profite toutefois du fait qu'elle avait déjà constitué des corrections de valeur forfaitaires qu'elle a pu réaffecter.

Le président du directoire de pbb, Andreas Arndt, a maintenu sa prévision de résultat de 170 à 200 (213) millions d'euros avant impôts : "Ce n'est pas évident dans l'environnement de marché actuel". Au premier semestre, le résultat avant impôts a chuté d'un quart, à 81 (107) millions d'euros. Avec un programme d'économies de 40 millions d'euros, Arndt veut ramener le ratio charges/produits à 45 % (contre 51 %). En l'espace de trois ans, 15% des effectifs, soit environ 130 postes, seront supprimés, en grande partie par le biais de départs en retraite anticipée et de fluctuations.

Le résultat d'exploitation d'Aareal Bank s'est élevé à 87 (91) millions d'euros au cours des six premiers mois, soit presque au même niveau que l'année précédente. Le directeur financier Marc Heß ne s'attend toutefois plus qu'à atteindre à la fin de l'année le bas de la fourchette de 240 à 280 millions d'euros. La raison en serait des investissements dans la filiale de logiciels Aareon.

(Rapport d'Alexander Hübner, rédigé par Sabine Wollrab. Pour toute question, veuillez contacter notre rédaction à berlin.newsroom@thomsonreuters.com (pour la politique et la conjoncture) ou frankfurt.newsroom@thomsonreuters.com (pour les entreprises et les marchés).