Les grandes manœuvres continuent dans l'énergie et les matières premières russes. Après qu'Oleg Deripaska ait entrepris de s'emparer d'OGK-3 pour devenir le premier électricien du pays, c'est au tour de Vladimir Potanine de vouloir avoir les coudées franches, et de racheter les parts de son compatriote, « coupable » de détenir 25% de Norilsk, le premier producteur mondial de nickel et de palladium.

Potanine, à la tête du holding Interros, a proposé de lancer les négociations à un prix de 12 milliards de dollars, tout en précisant que la question des modalités de paiement restait ouverte. Deripaska s'est empressé de lui fermer la porte au nez, considérant que cette participation représentait un « investissement stratégique » pour Rusal, numéro un mondial de l'aluminium. En clair, il faudrait bien plus de 12 milliards de dollars pour qu'il soit intéressé à se défaire de cette participation.

Un analyste moscovite chez Nomura, Vladimir Zhukov, qualifie pourtant de « naturelle » cette transaction : « Pour Interos, il s'agirait d'un bon investissement, étant donné l'excessif cash flow disponible. Pour Rusal, le montant proposé permettrait de résoudre en une seule fois le problème de sa dette ».

Un long bras de fer…
Le fait est que, si Oleg Deripaska n'a pas immédiatement besoin de vendre ses parts dans Norilsk, ces 12 milliards de dollars seraient synonymes de nouvelles marges de manœuvre dans son offensive sur OGK-3. De fait, tous les acteurs de ce compliqué dossier semblent d'accord pour estimer que, si l'affaire ne se fera pas tout de site, elle est inéluctable. Déjà, la somme de 12 milliards représente une prime de 3 milliards comparée à la dernière proposition de Potanine, datant d'octobre.

Selon un autre oligarque russe, Mikhail Prokhorov, président du groupe Onexim, Rusal et Norislk « vont se mettre d'accord sur un prix entre 12 et 15 milliards de dollars ». Il ne croit donc pas une seconde que Deripaska va continuer à s'accrocher à cette participation, surtout si Vladimir Potanine fait une rallonge.

En tout cas, Vladimir Potanine, principal artisan du démembrement des anciens actifs de l'Union soviétique, ne lâchera sûrement pas le morceau : en juin 2008, Deripaska et Rusal n'avaient réussi à conserver que 3 sièges au conseil de Norilsk (contre 4 pour Potanine) ; en juillet dernier, Oleg Deripaska avait tenté de s'emparer des parts de Potanine après avoir proposé aux actionnaires de Norilsk de nouveaux axes stratégiques plus rentables.

Cette fois-ci, c'est Potanine qui a la main, et il n'est pas prêt de la lâcher, même si, comme toujours, c'est le Kremlin qui aura le dernier mot…