Sumner Redstone ne veut plus jouer à Guitar Hero
Opération stratégique de recentrage ou lassitude devant un concept qui ne marche pas, les raisons ne manquent pas à Viacom, l'empire des médias de Sumner Redstone, pour justifier la cession du studio Harmonix. C'est à ce dernier qu'on doit les jeux Guitar Hero et Rock Band, qui ont un temps fait fureur. Mais ce temps a fait long feu...
Il aurait pu préciser que ce sont plutôt les jeux musicaux, spécialité d'Harmonix, qui étaient dans le collimateur. Depuis l'invention du concept, à la fin des années 90 par le japonais Konami, et les lancements en grande pompe des deux blockbusters du studio américain, Guitar Hero et Rock Band, l'usure a fait son œuvre et les ventes stagnent.
En 2009, Viacom comptait pourtant beaucoup sur la dernière version du jeu Rock Band, qui donnait la possibilité d'entrer dans la peau et le costume des Beatles pour chanter et jouer entre amis les standards du groupe. Mais la mayonnaise, malgré près de 2 millions d'unités vendues, n'a pas suffisamment prise au regard des exigences de Viacom. Et le destin du studio était dès lors scellé, comme d'ailleurs celui de Midway, studio à l'origine du fameux jeu Mortal Kombat, vendu en 2008 pour 100 000 malheureux dollars.
Acheté pour 175 millions de dollars par Viacom en 2006, Harmonix a été cédé pour une somme estimée à 200 millions au fonds d'investissement Columbus Nova, créé spécialement pour cette opération. Ce qui permet au studio de revendiquer sur son site un retour à ses chères « racines de développeur indépendant ».
L'avenir est à la danse !
On ne sait pas si cette séparation a tiré des larmes à Sumner Redstone, qui a déjà fort à faire avec, entre autres, CBS, MTV ou les studios Paramount. Pourtant, en lançant une nouvelle version de Dance Central à Noël, les créateurs de Guitar Hero s'offrent une prometteuse nouvelle chance. Ils tapent, en effet, en plein dans la tendance actuelle, qui n'est plus au karaoké mais au déhanchement plus énergique sur fond de R&B survitaminé.
De toute façon, les analystes experts en jeux vidéo de Wall Street ont toujours douté des capacités de Viacom à intégrer et faire prospérer ce secteur. Et, de fait, la qualité sonique et graphique des jeux musicaux d'Harmonix n'a jamais vraiment convaincu les gamers, rebutés en outre par la cherté des accessoires à acheter.