Mukesh Ambani, patron du géant Reliance Industries, a publié un communiqué lapidaire dans lequel il annonce le lancement d’une joint-venture avec le fonds spéculatif américain DB Shaw. Aucun détail financier n’est pour le moment disponible sur cette opération, mais cela n’empêche pas le Financial Times de se poser quelques bonnes questions.

D’abord, que veut précisément faire la première fortune indienne dans le monde de la finance ? Les premières rumeurs font état du souhait de l’aîné des frères Ambani de mettre sur pied une banque capable de concurrencer ICICI Bank, la plus grande banque privée du pays. Il est vrai que le projet a du sens, étant donné la faible bancarisation de la population indienne (1,2 milliard d’habitants) et le nombre grandissant d’Indiens fortunés.

Mais il n’est pas dit qu’aucun obstacle ne vienne contrecarrer cette stratégie. La Reserve Bank of India, l’autorité de régulation financière du pays, a ainsi toujours été réticente à l’idée de laisser de puissants conglomérats privés détenir une activité bancaire. La crainte principale est qu’ils sont susceptibles d’utiliser les dépôts des clients pour financer leur expansion ou sauver des actifs non rentables.

L’adversité ne s’arrête pas aux contraintes réglementaires. Si le projet de Mukesh Ambani aboutit, quelle que soit sa forme (banque de plein droit, fonds mutuel, hedge fund, activité de capital-investissement...), il se trouvera nez à nez avec son frère Anil Ambani et sa société Reliance Capital, acteur important du secteur financier indien. Sachant les relations conflictuelles qu’entretiennent les deux frères, on peut s’attendre à des étincelles. Mais, au bout du compte, n’est-ce précisément pas ce que recherche Mukesh ?