Zurich (awp) - ABB, qui s'apprête à changer de patron cet été, s'est de justesse maintenu sur la voie de la croissance au second trimestre, tout en améliorant nettement sa rentabilité. Fort de cette performance, le géant zurichois de l'électrotechnique a confirmé ses prévisions financières pour l'ensemble de 2024.

"Nous avons réalisé de nouveau un solide trimestre, marqué par une bonne demande et une bonne performance de nos divisions", s'est félicité jeudi dans une vidéo le directeur général sortant Björn Rosengren. Ce dernier a dirigé ABB depuis mars 2020 et sera remplacé début août par le Norvégien Morten Wierod.

M. Rosengren est entré en fonctions alors qu'ABB avait déjà conclu un accord pour la cession de la division réseaux électriques (Power Grids) au japonais Hitachi. Après son arrivée aux manettes, le dirigeant suédois a accéléré la réorientation du groupe en engageant un vaste toilettage des activités. Trois divisions sont sorties du giron d'ABB depuis.

Quant à Morten Wierod, il travaille pour ABB depuis 1998. Avant de diriger l'activité électrification, il avait chapeauté l'unité Motion.

Le dirigeant sortant laisse une entreprise en bonne santé à son successeur. Les entrées de commandes, qui permettent d'anticiper l'activité à venir, ont certes reculé de 3% sur un an à 8,44 milliards de dollars (7,5 milliards de francs suisses) entre avril et fin juin. Mais le carnet d'ordres a lui gonflé de 4% à 22 milliards.

Le chiffre d'affaires a pour sa part crû de 1% à 8,24 milliards. Les ventes se sont contractées de 5% en Europe et de 6% aux Amériques, partiellement compensée par une hausse de 4% dans la région englobant l'Asie, le Proche-Orient et l'Afrique.

En terme de rentabilité, le résultat d'exploitation (Ebita) a gagné 10% à 1,56 milliard, pour une marge afférente en croissance de 1,5 point à 19,0%. ABB boucle le partiel sur un bénéfice net de 1,096 milliard, en forte hausse comparé aux 906 millions engrangés au second trimestre 2023.

Ces chiffres clés sont mitigés comparés aux prévisions des analystes interrogés par l'agence AWP. Alors que les entrées de commandes et le chiffre d'affaires sont ressortis légèrement inférieurs aux attentes, l'Ebita et le profit net sont de très peu supérieurs aux projections du marché.

Trois des quatre divisions d'ABB ont affiché "une très bonne performance", a souligné M. Rosengren, alors que l'unité Robotics & Discrete Automation, qui produit notamment des bras robotisés pour l'industrie et le domaine de la santé, a fait face à "un environnement un peu plus difficile", selon le patron.

Vers une accélération au 3e trimestre

La marge opérationnelle élevée a quant à elle été soutenue par des volumes en hausse et un relèvement des prix, a poursuivi le patron.

Au troisième trimestre, la direction table sur une nouvelle accélération des ventes comparé au trimestre précédent et une marge Ebita à 18,5% ou légèrement inférieure. Quant à l'ensemble de 2024, le groupe a confirmé prévoir une marge opérationnelle (Ebita) "d'environ" 18%, une croissance des recettes autour de 5% et un rapport entre les commandes et la facturation positif.

"La performance opérationnelle a été solide avec une bonne marge brute, une rentabilité record dans (la division) électrification et une forte génération de flux de trésorerie disponible", a énuméré l'analyste de Vontobel, Mark Diethelm.

Pour Bernd Laux de la Banque cantonale de Zurich, ABB a par contre présenté des résultats "mitigés". Le moteur des ventes du groupe reste le secteur de l'électrification qui profite du tournant énergétique et de la décarbonation. Le seul domaine en retard, Robotics & Discrete Automation, a poursuivi son rattrapage. ABB est parvenu à combler son retard face à la concurrence au niveau des marges, a estimé l'analyste.

A la Bourse suisse, les investisseurs empochaient leurs gains, poussant le titre ABB en baisse de 5,9% à 48,15 francs suisses. L'indice vedette SMI reculait quant à lui de 0,40% vers 11h20.

al/ck/lf