par Cyril Altmeyer

PARIS, 11 avril (Reuters) - Le Parti socialiste souhaite engager une consolidation du secteur français de la défense en cas de victoire à la présidentielle, rompant avec ce qu'il considère comme un quasi-statu quo maintenu par Nicolas Sarkozy, a déclaré mercredi à Reuters le député Jean-Yves Le Drian, chargé des questions de défense dans la campagne de François Hollande.

Le candidat socialiste, dans son discours sur la défense le 11 mars, s'était montré déterminé à construire de grands groupes industriels de défense, "garants de nos intérêts de souveraineté et aussi de nos emplois". (voir )

"Il ne s'est pas passé grand-chose depuis l'élection de Nicolas Sarkozy", a déclaré Jean-Yves Le Drian, pressenti pour être ministre de la Défense en cas de victoire de François Hollande le 6 mai.

"La nécessité impose que nous prenions des initiatives parce que nous avons un appareil industriel de qualité mais qu'il ne peut pas dans sa dispersion être au rendez-vous du futur, donc il faut trouver des partenariats internes et externes et le champ est ouvert", a-t-il ajouté, se refusant à être plus explicite.

L'équipementier Thales, dont Dassault Aviation est le premier actionnaire industriel avec 26% du capital, se profile comme le pivot de la consolidation du secteur français de la défense, avec une montée avant Noël à 35% dans le constructeur militaire DCNS qu'il consolide désormais dans ses comptes.

Thales prépare parallèlement un projet d'échange de sa division munitions contre une entrée au capital du groupe d'armement terrestre Nexter, le fabricant du char Leclerc.

Interrogé sur une éventuelle remise à plat de ce projet-là, Jean-Yves Le Drian a répondu : "Tout est révisable."

Charles Edelstenne, le PDG de Dassault Aviation, avait déclaré fin mars à l'occasion de la présentation des résultats annuels du groupe que le dossier était "complètement gelé" avant la présidentielle.

Dans son discours du 11 mars, François Hollande avait fait une déclaration considérée comme visant directement le groupe Dassault.

"Je n'entends donc déléguer à quiconque cette responsabilité de tracer l'avenir des grands groupes industriels de défense, et certainement pas à des intérêts privés ou financiers à qui le gouvernement sortant s'est trop souvent plié", avait-il dit.

Charles Edelstenne, dont le groupe a su se rendre incontournable dans le secteur de la défense sous le mandat de Nicolas Sarkozy, s'était montré fin mars serein face à l'éventualité d'une victoire de François Hollande, se défendant d'agir en investisseur financier. (Avec Brian Love et John Irish, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : SAFRAN, THALES, DASSAULT AVIATION, EADS