C'est un feuilleton sans fin qui a peut-être enfin trouvé son dénouement. Carl Icahn a lancé récemment une offre améliorée pour s'emparer de la dette des célèbres studios. En offrant 53% pour chaque dollar de créance, il pensait bien avoir fait une proposition que les créanciers ne pouvaient refuser. Las, c'est précisément ce qu'ils ont fait...

Deux tiers des créanciers ont en effet choisi de porter leur suffrage sur le plan de restructuration imaginé par Spyglass Entertainment, les producteurs d'Invictus, le dernier film de Clint Eastwood. Vendredi soir, les prêteurs en souffrance ont ainsi annoncé un dépôt de bilan, plaçant de facto MGM sous le coup du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, avec un plan de reprise par les studios Spyglass.

Les créanciers, menés par JP Morgan, Credit Suisse, des fonds de private equity et des hedge funds, s'assoient donc sur les 4 milliards de dette qu'ils détiennent et deviennent propriétaires à 95% des studios. La dette se voit donc transformée en actions et le leadership conservé par les fondateurs Gary Barber et Roger Birnbaum, à la seule condition que la justice donne son feu vert au plan de restructuration.

« MGM va mettre en œuvre sans attendre ce plan qui réduit drastiquement sa dette et place la société dans une position solide pour appliquer sa stratégie commerciale », a fièrement annoncé MGM, qui deviendra exclusivement une société de production et ne se chargera plus de la distribution.

Carl Icahn, qui a tout fait pour éviter ce scénario, doit ruer dans les brancards, après avoir proposé par deux fois de racheter la dette du studio aux 4 000 films, afin de le fusionner avec Lions Gate, dont il est le principal actionnaire. Ses offres lui auraient permis de s'approprier 51% du capital de MGM.

Et comme les mauvaises nouvelles ne viennent jamais seules, les studios canadiens Lions Gate ont déposé plainte pour manipulation contre notre milliardaire devant un tribunal de New York. Ils reprochent à Carl Icahn d'avoir mené un double jeu, critiquant publiquement la fusion MGM-Lions Gate, tout en accumulant secrètement toujours plus d'actions des deux studios (10% de la dette de MGM et 37,9% des titres Lions Gate à ce jour).

Pour une fois, la stratégie de Carl Icahn n'a pas fonctionné. Spécialiste des croisades boursières pour mettre la main sur des proies en difficultés et lui imposer ses vues, il s'est heurté pour une des premières fois de sa vie à un front uni contre lui. Alors que d'habitude il s'attire les faveurs d'un nombre suffisant d'actionnaires, il doit cette fois s'avouer vaincu. Mais il n'a perdu qu'une bataille, pas encore la guerre...