« L’Amérique subit une crise de l’énergie qui doit être prise en considération », répète T. Boone Pickens. A l’appui de ses dires, il met en avant la considérable facture liée à l’or noir acheté aux pays étrangers, qui a atteint 337 milliards de dollars l’année dernière (73 milliards de plus qu’en 2009), soit plus de 640 000 dollars par minute, a-t-il calculé !

Notre baron juge cette situation particulièrement alarmante, et de nature à « mettre en péril notre sécurité économique et nationale ». Justement, il compte sur le discours annuel du président américain sur l’état de l’Union, le 25 janvier prochain, pour faire accélérer le calendrier. A cette occasion, Obama a, selon Pickens, une « chance unique » de rompre avec un désastre qui enfle depuis une vingtaine d’années.

Le « plan Pickens » pour en finir avec la dépendance énergétique est prêt depuis deux ans. Il consiste à « démultiplier les ressources énergétiques américaines, du gaz naturel à usage domestique et de carburant automobile, au nucléaire civil, en passant par les énergies renouvelable, solaire et éolienne ».

Selon lui, les réserves américaines de gaz, grâce aux nouvelles techniques de forage, représenteraient deux siècles de consommation domestique. Largement de quoi s’affranchir d’une bonne partie de l’or noir importé. A travers sa société Clean Energy Fuels Corp, Thomas Boone Pickens est un des principaux propriétaires des champs gaziers du Texas et de Californie.

Le « plan Pickens » est loin de faire l’unanimité
Mais notre baron a au moins un adversaire de poids, en la personne de Mike Cantrell, président de la très influente DEPA (Domestic Energy Producers Association). Ce dernier considère que T. Boone Pickens prêche pour sa propre paroisse : ce n’est pas tant les exportations de pétrole étranger qui l’inquiètent que la valorisation de ses fortes positions dans le gaz.

Mike Cantrell souligne, en outre, que les Etats-Unis importent moins de la moitié du pétrole que les Américains consomment, et une majeure partie de cet or noir étranger vient de « pays amis » comme le Canada et le Mexique, et non des pays membres de l’Opep. Face à la gabegie actuelle, le constat de Pickens est donc loin de faire l’unanimité, sans parler des solutions proposées, jugées pour le moins irréalistes.