« Il suffit de regarder les résultats, c’est phénoménal » s’enthousiasme Bill Gates. Plus que jamais convaincu du bienfondé des actions de sa fondation, notre baron comptait bien rallier le président Nicolas Sarkozy, la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, et le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé à sa cause. Rappelons que la fondation Bill et Melinda Gates est dotée de 34 milliards de dollars et qu’elle intervient dans trois domaines principaux : la santé, le développement et l’éducation.

A quelques jours des sommets du G8 et du G20 présidés par la France, Bill Gates a plaidé pour le respect des engagements pris par les États en faveur des pays pauvres. L’objectif affiché de l’Union européenne est de consacrer, d’ici à 2015, 0,7% du PIB à l’aide publique au développement (APD). Oui mais voilà, s’il concède que « La France est vraiment généreuse » (deuxième en volume derrière les Etats-Unis), il n’a pas manqué de souligner que l’APD n’a représenté en 2009 que 0,46% du PIB français…bien loin des 0,7% promis.

Et les choses ne semblent pas prêtes d’évoluer. Le président Sarkozy a, en effet, annoncé un gel des dépenses d’APD sur 2011, 2012 et 2013. Bill Gates, interviewé par le Figaro Magazine, n’est pas dupe : « La France n’a pas augmenté sa participation depuis des années alors qu’elle s’était engagée à faire passer le montant de son aide au développement de 0,4% de son PIB à 0,7 ! Il lui appartient maintenant de décider si elle va tenir cet engagement, entre tous ses autres choix budgétaires, pour sauver les plus pauvres. »

Bill Gates a par contre salué l’exemple de la Grande-Bretagne, devenue «une référence», qui malgré ses coupes drastiques consacre plus d’argent au développement et devrait d’ici à 2013 parvenir à 0,7%.

Pour notre baron, la situation économique actuelle remet gravement en question l’implication des Etats dans des politiques d’aide au développement. « Il y a un vrai risque dans le contexte de crise de voir reléguée l’aide au développement au second plan » affirme t-il. Pourtant aux yeux de Bill Gates, l’efficacité de l’APD n’est plus à démontrer. Ou plutôt si justement ! Et c’était bel et bien le but premier de sa visite en Europe.

L’efficacité c’est la clé
Lundi 4 avril, il présentait au musée Dapper dans le XVIème arrondissement de la capitale, devant 400 invités, sa campagne de communication intitulée « Living Proof ». Son but était clair : montrer, en s’appuyant sur des exemples et des chiffres concrets, que l’argent donné par les Etas n’est pas capté par des dictateurs ou détourné par des corrompus, mais qu’il sert effectivement à distribuer des vaccins et des médicaments, à sauver des vies, à aider les paysans à produire davantage, à faire en sorte que ces pays deviennent autosuffisants.

Et il est vrai que depuis la création de la Gavi (Alliance mondiale pour la vaccination et l’immunisation, créée en 2000 grâce à un don de 750 millions de dollars de la Fondation Gates, ndlr), les vaccins ont sauvé 5 millions de vies. La polio est pratiquement éradiquée, à 99%. Les décès dus à la rougeole en Afrique ont baissé de 92% entre 2000 et 2008. Entre 1990 et 2005, le nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté a reculé de 400 millions.

« Je crois que la grande différence avec d’autres organisations caritatives, c’est que nous considérons l’efficacité comme essentielle : un projet doit non seulement fonctionner, mais apporter davantage de bénéfice qu’il ne coûte, et continuer à en apporter si nous cessons de le financer. L’efficacité, c’est la clé » certifie Bill Gates.

Pauline Raud