Antoine Bernheim [Generali] : Italian parano ou remake de "la fronde" ?
Antoine Bernheim n'est pas content et il le dit ! Dans un entretien accordé au journal Le Monde voilà une dizaine de jours, il fait front aux attaques du fonds activiste Algebris, entré dans son capital en octobre. Ce fonds, qui n'a pourtant pris que 0,3% de Generali, troisième assureur européen, conteste la stratégie actuelle du dirigeant, tout en tablant sur le ralliement d'autres actionnaires dans la bataille.
Un homme en colère
Il faut dire qu'il est attaqué sur tous les fronts. Lui sont tout de même reprochés tour à tour sa « longévité », son salaire, et sa gestion. S'agissant de son âge (83 ans), il juge le procédé très peu fair-play, et ce d'autant plus qu'il s'agit d'une donnée sur laquelle il lui est impossible d'agir...
En ce qui concerne sa rémunération, il rétorque être « l'un des patrons italiens les moins payés », affirmant au contraire que son salaire fixe est le même que celui de son prédécesseur, lequel « a pourtant laissé la compagnie en grande difficulté », sous-entendu : lui, tout au contraire de moi. Il souligne à cet égard la capitalisation boursière élevée du groupe Generali – environ 43 milliards d'euros, soit 75 % de celle d'Axa – et la croissance de son chiffre d'affaires et de ses profits, en augmentation de 20 % à 25 % par an depuis cinq ans. Il indique par ailleurs avoir su rester à l'écart de la crise du subprime, « ces investissements spéculatifs ».
Toujours plein de vitalité, il affirme haut et clair : « il n'est pas question pour moi de baisser les bras, quitte à aller au combat. J'estime que ma mission n'est pas terminée et qu'il faut consolider les développements en cours ».
Succession en vue
Quant à chercher un successeur – très certainement le nerf de la guerre, il prévoit de s'en occuper « au cours de la troisième année de son mandat en 2009". Réélu en avril dernier, à la tête de Generali dont il est administrateur depuis trente-quatre ans, il avait déjà dirigé la compagnie entre 1995 et 1999, pour revenir à sa tête en 2002.
Bernheim reste convaincu qu’« Algebris n'agit pas seul ». « Le fonds est sans doute soutenu par des Italiens qui ont certaines ambitions concernant la compagnie. Soit ils veulent accéder à la direction, soit ils veulent en prendre le contrôle », ne craint pas d’affirmer cet ancien associé-gérant de la banque Lazard.
Mais la colère de Bernheim ne l'empêche pas d'être réaliste : il rappelle avoir « déjà été renvoyé en 1999 pour travail bien fait ». Déjà à l’époque, il présidait les... Generali.