L'inflation annuelle était de 1,3% en janvier contre 1,4% en décembre, conformément aux attentes, confortant le sentiment que toute hausse de sa part dans les mois qui viennent sera au mieux très modeste.

Toutefois, en faisant abstraction des éléments volatils que sont les prix des produits alimentaires et ceux de l'énergie, le taux d'inflation annuel a augmenté de 0,1 point à 1,2%, donnant à la BCE une bonne raison d'espérer.

La BCE a décidé la semaine dernière de ne pas changer le cap de sa politique monétaire et confirmé que les achats d'actifs seraient maintenus tant que l'inflation ne serait pas remontée de façon convaincante.

Ce programme lancé voici trois ans, et d'un montant de 2.550 milliards d'euros, a fait baisser les coûts d'emprunt et relancé la croissance mais il y a encore beaucoup de capacités productives inemployées qui exercent un frein sur l'inflation.

Alors que l'emploi est à un niveau record, le taux de chômage est resté à 8,7% en décembre, a annoncé Eurostat mercredi, soulignant à quel point le marché du travail n'est pas à l'unisson d'une économie qui connaît une croissance sans interruption depuis cinq ans.

La BCE pense que l'inflation n'évoluera guère dans les mois qui viennent et qu'il lui faudra plusieurs années pour qu'elle monte vers son objectif d'un petit peu moins de 2%.

Compte tenu de la croissance soutenue de la zone euro, la BCE a déjà réduit ce stimulant économique par deux fois et les investisseurs pensent que le programme de rachat d'actifs se terminera cette année.

Mais la hausse de l'euro vient compliquer les choses, en freinant toute inflation importée et donc l'inflation en général. L'euro a gagné 7% ces trois derniers mois contre le dollar et dans la mesure où des responsables américains ont bien marqué leur préférence pour une dollar affaibli, cela promet encore de la volatilité sur le marché des changes.

Quand bien même le programme de rachat d'actifs, dit d'assouplissement quantitatif (QE), cessait cette année, la BCE s'est engagée à ne pas couper la manne de la monnaie banque centrale en gardant des taux bas, ainsi qu'un bilan copieux, pendant plusieurs années.

"Bien sûr, (le quantitative easing, QE) ne durera pas éternellement mais le consensus très largement partagé au sein du Conseil des gouverneurs (...) est que nous devons nous montrer patients et prudents parce que nous ne sommes pas encore là où nous voulons être en termes d'inflation", a ainsi déclaré mercredi Benoît Coeuré, membre du directoire de l'institut d'émission de Francfort.

"Les intervenants de marché considèrent globalement que les risques d'inflation à l'avenir sont actuellement limités", a-t-il ajouté.

La BCE projette une inflation de 1,4% cette année, qui remonterait progressivement pour atteindre 1,7% d'ici 2020, toujours moins que son objectif.

(Catherine Mallebay-Vacqueur et Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Philip Blenkinsop et Balazs Koranyi