SANAA, 2 mars (Reuters) - Les perturbations potentielles dans l'approvisionnement mondial en blé à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie font craindre une aggravation de la crise alimentaire et une hausse des prix des denrées alimentaires au Yémen déchiré par la guerre civile, ce qui a poussé certains Yéménites à se précipiter pour acheter de la farine.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a dit cette semaine que la crise ukrainienne risquait d'entraîner une nouvelle hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires, en particulier des céréales, au Yémen, un pays dépendant des importations qui a vu le coût des produits alimentaires plus que doubler dans de nombreuses régions au cours de l'an dernier.

La Russie et l'Ukraine représentent à elles seules environ 29% des exportations mondiales de blé et l'interruption de ce flux a fait grimper les prix mondiaux.

Le conflit au Yémen, qui dure depuis de sept ans, ainsi que l'inflation, ont poussé des millions de personnes au bord de la famine.

"Les gens se précipitent maintenant pour acheter, les gens sont en alerte, anticipant une crise", a déclaré le grossiste Mohammed al-Nimri à Sanaa, la capitale du Yémen. "Ils prennent, dix, vingt sacs".

L'importateur de farine Mahran Al-Qadi dit avoir des stocks, ce qui n'empêche des achats de panique, constate-t-il.

"Certains marchands ont même augmenté les prix après avoir vu la forte demande", a-t-il dit.

Le Yémen est divisé entre le groupe Houthi, aligné sur l'Iran et qui occupe le nord du pays, dont la capitale Sanaa, et le gouvernement reconnu par la communauté internationale à Aden, au sud.

Les inquiétudes concernant l'approvisionnement s'ajoutent à la détérioration de la situation alimentaire et à l'insuffisance des fonds d'aide internationale.

Le PAM a réduit depuis janvier les rations de huit millions de personnes sur les 13 millions qu'il nourrit chaque mois, et a mis en garde contre d'autres réductions.

"Nous n'avons pas d'autre choix que de prendre de la nourriture à ceux qui ont faim pour nourrir ceux qui sont affamés", a déclaré le directeur du PAM, David Beasley. (Reportage Reyam Mukhashaf, Mohammed Ghobari et bureau de Reuters au Yemen, rédigé par Lisa Barrington ; version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)