La "troïka" composée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international a suspendu le versement de la dernière tranche d'aide financière du plan de 174 milliards d'euros destinée à éviter une faillite grecque dans l'attente d'une évaluation des réformes entreprises par Athènes. Son rapport est attendu d'ici début octobre.

"On va voir qu'on a perdu pas mal de temps", a dit Wolfgang Schäuble, qui donnait une conférence devant quelque 800 étudiants de l'Ecole supérieure de commerce ESCP Europe, rassemblés dans l'hémicycle du Conseil de l'Europe.

"Pendant le deuxième trimestre, nous avons constaté que ces changements n'ont pas été mis en place et allons pouvoir prendre une décision après avoir reçu le rapport de la troïka", a-t-il ajouté. "Mais avant d'avoir reçu ce rapport, nous ne pouvons pas prendre une décision. Ce serait dangereux pour la Grèce et pour la situation générale."

Le ministre fédéral allemand, qui avait été interrogé sur la Grèce par un étudiant, a poussé un profond soupir avant de rappeler les deux programmes d'aide à la Grèce mis en place en deux ans, dont le deuxième, fin 2011, d'un montant total de 200 milliards d'euros.

"Depuis ce deuxième programme, il y a eu des élections législatives et on a perdu pas mal de temps", a-t-il insisté, évoquant à mots voilés les débuts chaotiques de la coalition de trois partis sortie des urnes le 17 juin.

Wolfgang Schäuble a reconnu le caractère "très lourd" des efforts demandés à la Grèce, un pays dont le PIB a diminué de 48% et qui doit réduire ses dépenses de 12 milliards d'euros sur les deux prochaines années, mais il les a jugés "inévitables".

"Si la Grèce veut retrouver une certaine compétitivité, il faut mettre en place des réformes structurelles majeures", a-t-il dit.

Il a souligné a contrario les "réformes impressionnantes" de l'Espagne et de l'Italie, attribuant là encore aux soubresauts de la politique intérieure grecque la crédibilité encore très relative de ces deux Etats vis-à-vis des marchés.

"La solidarité est nécessaire dans les deux sens", a-t-il conclu.

Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse