par Emmanuel Jarry

Il avait choisi Cholet, 83.000 habitants, au coeur du deuxième bassin industriel des Pays de Loire, où Charles de Gaulle a été le dernier président français à venir, en 1965, pour adresser ses voeux aux forces économiques françaises.

Ces voeux se sont cependant transformés en long plaidoyer pro domo, à deux mois et demi d'élections régionales délicates pour les partis de la majorité présidentielle, UMP en tête.

"Vous avez vu tant et tant de polémiques en 2009 et maintenant vous avez les résultats, et c'est à vous de juger pour savoir qui avait raison", a déclaré Nicolas Sarkozy à 1.600 représentants du monde économique et élus locaux.

"En 2009 aucun Français n'a vu son épargne mise en danger. Ce n'était pas si facile quand la crise a failli nous emporter", a-t-il ainsi expliqué, pour illustrer son propos.

Il a également défendu sa politique de relance, le soutien au secteur bancaire et à l'industrie automobile, les mesures sociales d'accompagnement de la crise économique et financière, le lancement d'un emprunt pour financer des investissements d'avenir et sa croisade pour la régulation du capitalisme.

Il est remonté aux premières mesures de son quinquennat en matière fiscale ou d'assouplissement du temps de travail et a fait du volontarisme un des principes cardinaux de son action.

"Je n'ai pas été élu pour renoncer, quelles que soient les difficultés", a dit le chef de l'Etat, dont la volonté de réforme s'est heurtée en 2009 à des résistances au sein de sa majorité, à diverses censures du Conseil constitutionnel ou, sur la scène internationale, aux réalités géopolitiques.

DÉFICITS ET RÉFORMES

Il a dit ne pas se satisfaire du léger rebond enregistré par l'économie française au second semestre 2009 et de la croissance légèrement supérieure à 1% prévue cette année : "Nous ne serons pas sortis de la crise tant que le chômage ne reculera pas."

Il a estimé que la suppression controversée de la taxe professionnelle permettrait de rétablir la compétitivité des entreprises françaises en allégeant leurs charges de 12 milliards d'euros en 2010 et de six milliards par an ensuite.

Il a invité les entreprises à profiter de cette "réforme historique" pour se développer, innover et créer des emplois.

Mais le rétablissement de la compétitivité passe aussi par celui de l'équilibre des finances publiques, a-t-il poursuivi, alors que la crise et les mesures prises pour l'enrayer ont fait exploser les déficits publics français, à 8,2% du PIB en 2009.

Il a réitéré son refus d'augmenter les impôts et estimé que la solution résidait dans l'affectation à la réduction des déficits de tous les surplus de recettes fiscales liés à la reprise et dans la réduction de la dépense publique.

Nicolas Sarkozy, qui lancera à la fin du mois une conférence nationale sur les finances publiques, a mis en cause la gestion des collectivités locales : depuis 30 ans, les effectifs de l'Etat ont augmenté de 14% alors que ceux des collectivités territoriales ont gonflé de 74%, a-t-il souligné.

Il a ajouté qu'il aimerait "un peu plus de sens de l'Etat, de souci de l'intérêt général, d'honnêteté et de sens des responsabilités" de la part de l'opposition, qui gère 20 des 22 régions métropolitaines et de nombreux départements.

Il a dit vouloir conduire "jusqu'au bout" la réforme des collectivités territoriales, contestée jusque dans sa majorité.

Il a réaffirmé qu'une nouvelle version de la taxe carbone invalidée par le Conseil constitutionnel entrerait en vigueur le 1er juillet. Et trois semaines après le fiasco de la conférence de Copenhague sur le climat, il a redit qu'il se "battrait" pour que l'Union européenne mette en place une taxe carbone à ses frontières, afin de lutter contre le "dumping environnemental".

De ces voeux "qui auraient dû tracer des perspectives", le Parti socialiste a regretté dans un communiqué qu'ils "aient été réduits à un exercice déplacé d'autosatisfaction et d'autojustification des mesures prises en 2009 et précédemment".

Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse