* Visite pour accélérer les négociations sur un accord bilatéral

* Cela concerne la présence des troupes US après 2014

* Karzaï dit qu'un accord peut attendre la présidentielle (Actualisé avec précisions, citations)

par Lesley Wroughton

KABOUL, 11 octobre (Reuters) - Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a effectué une visite surprise vendredi à Kaboul pour y rencontrer le président afghan, Hamid Karzaï, dans le but de faire avancer les négociations sur un accord de sécurité entre les deux pays.

Les Etats-Unis souhaitent qu'un tel accord, qui doit déterminer les effectifs du contingent américain appelé à rester sur place après 2014, soit conclu avant le 31 octobre. Pour le président afghan, en revanche, rien n'empêche d'attendre l'issue de l'élection présidentielle d'avril prochain.

A peine arrivé à Kaboul, John Kerry et sa délégation ont été escortés jusqu'au palais présidentiel où il a rencontré Hamid Karzaï. Le secrétaire d'Etat américain a été rejoint par l'ambassadeur des Etats-Unis en Afghanistan, James Cunningham, et par le général Joseph Dunford, chef des troupes américaines en Afghanistan et de l'Isaf, la force internationale d'assistance à la sécurité, sous commandement de l'Otan.

"Il ne s'agit pas pour le secrétaire d'Etat de conclure un accord, mais d'établir un climat favorable aux négociateurs et de contribuer à créer les conditions d'un succès des négociations", a souligné un responsable du département d'Etat.

Faute d'accord bilatéral sur la sécurité (BSA), Washington pourrait choisir l'"option zéro", c'est-à-dire rapatrier l'intégralité de son corps expéditionnaire à la fin de l'année prochaine.

"La balle est toujours dans le camp afghan (...) Tout est question de temps. Plus ça dure et plus c'est difficile à programmer", a dit un autre membre du département d'Etat.

POINTS DE FRICTION

Les discussions achoppent pour le moment sur deux points.

Les Etats-Unis souhaitent pouvoir continuer à mener à leur guise sur le sol afghan des opérations antiterroristes qu'Hamid Karzaï condamne de longue date. Les autorités afghanes préfèreraient les effectuer elles-mêmes sur la base d'informations fournies par Washington.

Le second point de friction a trait au refus américain de garantir la protection de l'Afghanistan face à d'éventuelles agressions étrangères. Un tel pacte pourrait conduire à une confrontation avec le Pakistan, autre allié-clé des Etats-Unis dans la région.

Selon le Washington Post de jeudi, la Maison blanche songerait de plus en plus sérieusement à abandonner son projet de partenariat à long terme avec l'Afghanistan. Le Pentagone plaide pour la patience, mais le reste du gouvernement apparaît lassé du président Karzaï et ne perçoit plus l'Afghanistan comme aussi prioritaire que par le passé, souligne le quotidien.

"Le but principal des Afghans avec le BSA est de parvenir à un accord qui corresponde à leurs besoins en matière de sécurité et nous estimons que ce qui est sur la table correspond à cela", a déclaré un des responsables du département d'Etat.

Washington estime qu'un accord va devenir de plus ne plus difficile à conclure à l'approche du scrutin présidentiel. De fait, l'aîné des trois frères Karzaï, Qayum, a décidé de se lancer dans la bataille électorale et se propose d'offrir au président sortant, qui ne peut pas se représenter, un rôle au gouvernement à l'issue de l'expiration de son mandat. (voir )

L'échec il y a deux ans de discussions similaires avec l'Irak, dû en partie au refus de Bagdad d'accorder une immunité judiciaire aux GIs, a entraîné le retrait de toutes les troupes américaines. (Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser)