par Daniela Desantis et Hilary Burke

ASUNCION, 21 avril (Reuters) - Les Paraguayens votent dimanche pour une élection présidentielle qui pourrait remettre en selle le parti Colorado moins d'un an après la destitution de son chef de file, Fernando Lugo.

Le candidat du Colorado, Horacio Cartes, a, selon la plupart des sondages d'intentions de vote, de bonnes chances de l'emporter, redonnant le pouvoir à sa formation de centre droit dont elle avait été évincée en 2008 après un règne de 60 ans.

Ce riche homme d'affaires âgé de 56 ans arrive en tête de la majorité des sondages devant Efrain Alegre, un avocat de 40 ans membre du Parti libéral de centre droit actuellement au pouvoir.

Ce dernier a accédé à la présidence après la destitution en juin du président Fernando Lugo à l'occasion d'une procédure expéditive. Ancien évêque catholique, ce dernier a été évincé après avoir été reconnu coupable par le Congrès d'avoir mal géré des heurts à propos d'une expropriation. On avait dénombré 17 morts parmi les policiers et les paysans.

Novice en politique, Horacio Cartes reconnaît avoir voté pour la première fois de sa vie il y a quatre ans seulement. Son but est d'injecter du sang neuf dans une formation réputée corrompue.

Le candidat du Colorado tout comme Efrain Alegre ont promis de mettre en oeuvre une réforme agraire et d'attirer les investissements étrangers au Paraguay, où près de 40% des 6,6 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Les deux hommes, idéologiquement proches, sont très différents dans leur style: Horacio Cartes est impétueux et réputé pour ne pas mâcher ses mots.

Ses adversaires l'accusent d'être lié au blanchiment d'argent et au trafic de drogue, ce dont il se défend. Il n'a d'ailleurs jamais été condamné pour un quelconque délit. C'est l'une des plus grosses fortunes du pays, bâtie sur la finance et le tabac.

Son rival est, lui, un homme passe-muraille, à la réputation d'administrateur intègre qui a toutefois été ternie par une enquête sur un possible détournement de fonds publics alors qu'il était ministre des Travaux publics sous Fernando Lugo.

En tant que parlementaire, Efrain Alegre avait enquêté sur plusieurs cas de corruption visant le Colorado et il s'est engagé à combattre les "mafias" du pays.

"Ma conception du pouvoir est différente du modèle traditionnel. Je veux représenter un 'Paraguay honorable', à l'opposé du 'Paraguay des mafias'", expliquait-il à Reuters dans un récent entretien.

Le Paraguay est l'un des pays les plus pauvres du continent dont la richesse repose sur ses exportations de graines de soja et de viande de boeuf. Il a été suspendu du Mercosur à la suite de la destitution éclair de Fernando Lugo. Les deux principaux candidats sont partisans d'une pleine réintégration de leur pays au sein de ce bloc commercial.

Le candidat arrivé en tête dimanche soir accédera à la présidence, la loi électorale paraguayenne ne prévoyant pas de second tour.

Les électeurs renouvelleront dimanche aussi le Congrès et les assemblées régionales. (Avec Mariel Christaldo; Jean-Loup Fiévet pour le service français)