(Déclarations de l'opposant Henrique Capriles § 10 à 14)

SAN CRISTOBAL, Venezuela, 18 mai (Reuters) - Pillards et forces de sécurité se sont affrontés dans la nuit de mercredi à jeudi dans l'ouest du Venezuela où trois soldats vont être inculpés pour la mort d'un père de famille, a-t-on appris auprès de témoins.

Après six semaines de manifestations antigouvernementales, 44 personnes ont été tuées et des centaines d'autres ont été blessées ou emprisonnées.

Les manifestants réclament l'organisation d'élections pour chasser le président socialiste Nicolas Maduro et son gouvernement du pouvoir. Le successeur d'Hugo Chavez est accusé de faire sombrer le pays dans la dictature mais ce dernier se défend en accusant l'opposition de fomenter un coup d'Etat.

Malgré l'envoi de 2.000 militaires dans l'Etat de Tachira, qui borde la Colombie, les affrontements et les pillages se sont multipliés au cours de la nuit, ont raconté des témoins.

Aux jets de pierres des groupes de manifestants, ont répondu les grenades lacrymogènes des forces de sécurité. Certains émeutiers ont brisé les vitrines de magasins qu'ils ont ensuite pillés à San Cristobal, chef-lieu de l'Etat.

Âgé de 46 ans, Manuel Castellanos a été mortellement blessé par un tir dans le cou alors qu'il regagnait son domicile après avoir acheté des couches pour son fils, ont dit plusieurs témoins.

Dans un pays où la pénurie s'est étendue aux denrées les plus élémentaires, les couches sont devenues des produits de luxe.

Le parquet a annoncé jeudi que trois soldats membres de la garde seraient inculpés ce jeudi pour leur "responsabilité présumée" dans la mort du père de famille.

Ce décès succède à celui, en début de semaine, d'un adolescent de 15 ans, abattu alors qu'il était parti acheter de la farine pour le repas familial.

L'un des principaux opposants au président Maduro, Henrique Capriles, a déclaré jeudi que son passeport lui avait été retiré lors de son arrivée à l'aéroport de Caracas, la capitale vénézuélienne.

Le gouverneur de l'Etat de Miranda, dans le nord du pays, devait embarquer pour un voyage à New York où il comptait dénoncer les violations des droits de l'homme devant les Nations unies.

"Mon passeport est valide jusqu'en 2020, ce qu'ils veulent faire ici, c'est nous empêcher d'aller au siège des Nations unies", a-t-il dit dans une vidéo postée sur Twitter. "Je ne pourrai plus voyager", a-t-il ajouté.

La décision intervient un mois après que Henrique Capriles, deux fois candidat à l'élection présidentielle, a été interdit d'exercer tout mandat politique pendant une durée de quinze ans.

Le gouverneur était considéré comme le meilleur atout de l'opposition en vue de l'élection présidentielle de 2018. (Anggy Polanco; Nicolas Delame et Hélène Dauschy pour le service français, édité par Eric Faye)